Lettre ouverte à la rédaction de
Le Drapeau Rouge (organe central du Parti Communiste de France (maoïste) en formation)

lunedì 22 aprile 2002.
 

Commissione Preparatoria

del congresso di fondazione del

(nuovo)Partito comunista italiano

05 avril 02

Lettre ouverte à la rédaction de
Le Drapeau Rouge (organe central du Parti Communiste de France (maoïste) en formation)

Chers camarades,

dans le cadre de l’examen que dans le n. 7 (janvier-février-mars 02) de votre magazine vous faites des positions et de l’histoire de la rédaction de Front Social, à page 19 vous avez écrit : "C’est la démarche de la théorie du complot, du même tonneau que celle de leurs amis d’Italie qui voient dans les attentats commis par d’autres une provocation contre la construction du Nouveau Parti Communiste d’Italie. Front Social a d’ailleurs publié leur programme qui consiste après s’être déclaré clandestin à se présenter à visage découvert aux élections".

Effectivement d’une part nous croyons que les communistes en se constituant en parti ils doivent arriver à assurer aux masses populaires non seulement une direction juste mais aussi sûre et durable et nous croyons que pour atteindre cet objectif les nouveaux partis communistes dans les pays impérialistes doivent non seulement le proclamer mais être clandestins. En cas contraire, non seulement ils ne réussiront pas à assurer une direction sûre et durable, mais il est difficile aussi qu’ils réussissent à assurer une direction juste. En effet une ligne juste ne tombe pas du ciel ni elle pousse dans la tête de quelque génie non plus. Elle est le fruit d’une élaboration des expériences qui peut être accomplie seulement dans des conditions d’organisation appropriées pour un travail collectif durable. Les liens avec les masses, nécessaires pour les diriger, ne naissent pas soudainement, mais ils sont eux aussi le fruit d’une relativement longue expérience collective et de sa critique et vérification dans une pratique collective de longue durée. Dans le magazine La Voce et dans d’autres écrits trouvables dans notre page web, quelques-uns aussi en langue française (Éditions en Langues Étrangères - EiLE), nous avons amplement expliqué ces conceptions, soit du point de vue du patrimoine théorique et de l’expérience plus que centenaire du mouvement communiste international (en particulier en nous rapportant à la théorie et à l’expérience de Lénine et de son parti), soit du point de vue des conditions concrètes dans lesquelles les communistes des pays impérialistes luttent pour la renaissance du mouvement communiste et pour la construction de nouveaux partis communistes basés sur le marxisme-léninisme-maoïsme.

Effectivement d’autre part nous croyons que la voie à la révolution socialiste dans les pays impérialistes est la guerre populaire révolutionnaire de longue durée en conformité aux enseignements de Mao appliqués dans les conditions concrètes des pays impérialistes. Nous croyons, que pour développer cette guerre dans les conditions concrètes des pays impérialistes, les nouveaux partis communistes doivent maîtriser toutes les formes de lutte utilisées par les masses populaires. Nous croyons en particulier qu’actuellement il faut utiliser tous les moyens que la situation présente et que nos forces permettent, pour développer le mouvement des travailleurs, la conscience révolutionnaire des travailleurs avancés, leur conscience socialiste, leur conscience des tâches immédiates et stratégiques et avant tout leur lien avec le travail pour la reconstruction de partis communistes authentiques. À ce but nous avons sollicité les Forces Subjectives de la Révolution Socialiste légales de notre pays à constituer un "Front pour la reconstruction du parti communiste " qui participât aussi à la campagne électorale du printemps de l’an dernier. Probablement nous tâcherons de les convaincre à répéter cette expérience fructueuse aussi à l’occasion d’élections futures. Dans notre pays des masses amples de travailleurs et une grande partie des masses populaires (sûrement plus du 70%) sont en manière différente impliquées dans les campagnes électorales lancées par la bourgeoisie impérialiste. De ceci naissent des conditions qui permettent, avec une intervention opportune, de créer dans les masses un terrain plus favorable à notre travail et de recueillir forces et ressources pour la reconstruction d’un parti communiste authentique. La construction d’un parti basé sur le marxisme-léninisme-maoïsme constitue la première étape de notre travail. Dans la phase actuelle tout notre travail doit viser à la réalisation de cet objectif. Ces conceptions sont expliqué amplement dans le magazine La Voce et en d’autres écrits trouvables dans notre page web, certains aussi en français.

Justement parce que la reconstruction d’un parti communiste authentique, basé sur le marxisme-léninisme-maoïsme, constitue la première étape de notre travail, nous avons souvent critiqué avec force la déviation militariste de certaines Forces Subjectives de la Révolution Socialiste (FSRS) italiennes. En Italie, pour une série de conditions, quelques-unes spécifiques de notre pays, d’autres communes à plusieurs pays impérialistes, la déviation militariste parmi les FSRS est importante. Ce serait une erreur de la confondre avec la violence des masses, même avec la violence pas encore organisée des masses, c’est-à-dire avec la violence spontanée directement engendrée par l’expérience de l’oppression et de la marginalisation. En Italie il s’agit d’une tendance idéologique et politique de vieille date, engendrée par la défaite du mouvement communiste et par l’influence de l’idéologie bourgeoise sur individus révolutionnaires qui ont perdu ou qui n’ont jamais eu confiance dans la capacité révolutionnaire de la classe ouvrière. Il s’agit d’une tendance idéologiquement et politiquement analogue au courant terroriste qui se développa en Russie et en Europe au début du siècle XXe et contre lequel Lénine et son parti combattirent longtemps. Cette déviation actuelle a un lien seulement extérieur et démagogique avec la lutte armée développée en Italie et en d’autres pays impérialistes dans les années 70. Vis-à-vis de cette dernière nous ne partageons pas le jugement négatif exprimé dans les années 80 par le MRI (voir A World to Win) et, en Italie, par Rossoperaio (voir Présentation de la traduction en italien de l’interview accordée par le Président Gonzalo à El Diario Inernacional). Vis-à-vis de la lutte armée de ces années-là nous avons déjà soutenu à l’époque une opinion égale à celle exprimée par le Président Gonzalo dans l’interview accordée à El Diario Internacional au début des années 90. Les groupes militaristes d’aujourd’hui sont idéologiquement et politiquement une chose complètement différente de la lutte armée des années 70. Celle-ci naquit comme l’expression la plus avancée et plus organisée d’un mouvement de masse et ses meilleurs représentants pendant des années tâchèrent de l’employer pour la reconstruction d’un vrai parti communiste (propagande armée). Les militaristes d’aujourd’hui soutiennent par contre la réalisation d’attentats de la part d’individus ou de petits groupes aux dommages de représentants ou de biens de la bourgeoisie impérialiste comme une activité qui, selon quelques-uns, devrait remplacer le manque d’une politique révolutionnaire de la classe ouvrière ou, selon d’autres, cette activité devrait "ouvrir le chemin" à la politique révolutionnaire de la classe ouvrière. Justement de cette conception découle une activité que la bourgeoisie impérialiste peut exploiter amplement dans sa lutte pour empêcher la reconstruction du parti communiste. La stratégie de la tension est un bien connu outil de la contre-révolution : de l’incendie du Reichstag, à la place Fontana (à Milan, 1969), aux Tours Jumelles. Dans certaines situations c’est presque impossible de distinguer les activités des groupes militaristes d’un côté et de l’autre les opérations de la bourgeoisie impérialiste. Les deux finissent pour avoir dans le mouvement politique principalement le même rôle, au-delà des intentions et des proclamations des militaristes. Cette confusion pratique est elle-même une critique de la déviation militariste qui est fournie par l’expérience pratique de larges masses. Nous avons exposé ces réflexions dans plusieurs écrits, dont la brochure Martin Luther (1999) et en particulier dans la Lettre ouverte au Secours Rouge Pierre Overney - Paris, Supplément 1 à La Voce n° 9, février 2002. Ces écrits aussi sont trouvables dans notre page web, en partie aussi en français.

Dans votre critique vous liquidez ces problèmes avec des allusions superficielles. Est-ce que vous pourriez démontrer que nos positions sont contraires au patrimoine théorique et à l’expérience du mouvement communiste ou qu’elles ne correspondent pas à la situation concrète de la lutte de classe en Italie? Est-ce que vous pourriez soutenir que dans les pays impérialistes actuels il est possible de développer un mouvement révolutionnaire sans la direction d’un parti clandestin? Est-ce que l’expérience du parti de Lénine n’enseigne pas qu’il faut combiner la clandestinité du parti avec tout genre de travail politique, y compris tout genre de travail politique légal, y comprise dans certaines conditions la participation aux élections dirigées par la bourgeoisie ? Est-ce que l’histoire de la première vague de la révolution socialiste et l’analyse des régimes politiques actuels des pays impérialistes ne valident pas les deux cet enseignement? Croyez-vous qu’il est possible de développer une guerre populaire révolutionnaire de longue durée sans un parti clandestin? Qu’est-ce qu’elle a à faire avec une politique communiste la conception militariste, qui est à la violence spontanée comme le spontanéisme est à la spontanéité? Est-ce que la bourgeoisie impérialiste n’utilise pas les attentats accomplis par les militaristes de la même façon qu’elle accomplit des attentats terroristes pour entraver le développement du mouvement communiste?

Evidemment cela ne veut pas dire que la bourgeoisie impérialiste réussisse à empêcher le développement du mouvement communiste, ni que les militaristes d’un côté et les complices de la bourgeoisie de l’autre soient la même chose. Même si les actions des militaristes ont un effet politique principalement négatif pour la cause de la révolution socialiste, la solidarité des masses populaires vis-à-vis des révolutionnaires prisonniers, même de ceux qui font partie des groupes militaristes, est un facteur important d’éducation politique pour les masses. La contradiction entre nous et les militaristes est en principe une contradiction au sein du peuple comme la contradiction entre nous et les économicistes et les opportunistes. C’est-à-dire qu’il s’agit d’une contradiction que nous devons affronter principalement avec la lutte idéologique et politique, mais sans aucune concession à la prétention des militaristes d’être exempts de critiques ou d’être traités avec des gants parce qu’eux "ils luttent les armes à la main" ou de passer sous silence le dommage qu’ils font à la cause de la construction d’un parti marxiste-léniniste-maoïste.

Aujourd’hui plusieurs divergences existent entre ceux qui travaillent dans les pays impérialistes sérieusement et honnêtement à la renaissance du mouvement communiste et en particulier à la construction de partis communistes basés sur le marxisme-léninisme-maoïsme. Vos critiques donc ne nous étonnent pas. Au contraire, elles seraient les bienvenues si elles affrontaient analytiquement les sujets auxquels elles se réfèrent. Pour dépasser les divergences actuelles, au-delà de la vérification dans la pratique, il est nécessaire aussi un débat sérieux et honnête entre les organisations communistes et entre les communistes, un débat qui soit basé sur le patrimoine théorique et sur l’expérience du mouvement communiste et sur l’analyse des situations concrètes. Un débat sérieux et honnête fait avancer toutes les organisations qui y participent. Telles quelles sont vos critiques, que nous avons citées, nous semblent être basées par contre sur une connaissance superficielle de notre ligne et de notre activité, ou peut-être elles reportent simplement ce que vous avez entendu dire par des membres de Rossoperaio (dont nous avons critiqué récemment les Thèses Programmatiques - Supplément n° 1 à La Voce n° 7 - de manière tellement inattaquable que après ça les auteurs mêmes ont officiellement défini leurs thèses comme un document produit par un organisme local en préparation d’une assemblée) ou elles dérivent de la colère pour « notre interférence » (d’une façon ou d’une autre le fait que Front Social a publié une partie de notre programme et de nos écrits interfère dans votre lutte avec Front Social : semblables "interférences" indirectes aujourd’hui arrivent en chaque pays et ce sont une maladie de la phase : nous voudrions qu’il fût clair que nous n’entendons pas intervenir dans une lutte où, étant donnée notre insuffisante connaissance de la situation du mouvement communiste en France, nous ferions seulement des interventions et des critiques superficielles). Étant donné qu’aucun rapport direct n’a jamais existé entre nos organisations et que nous connaissons seulement superficiellement et avec beaucoup de lacunes vos publications, nous ne pouvons pas décider la cause de la superficialité des critiques que vous nous faites. Nous avons cependant confiance que l’étude de tout ce que nous avons indiqué vous emmènera à les rectifier et que nous pourrons lire bientôt une prise de position de votre part plus explicite et plus fondée sur la ligne, que nous suivons, à notre avis elle implique des problèmes et des conceptions qui ne concernent pas seulement le mouvement communiste de notre pays, mais celui de tous les pays impérialistes.

Nous vous souhaitons sincèrement que vous puissiez donner une contribution valide à la construction d’un parti communiste authentique en France : ce serait un succès de grande importance pour tout le mouvement communiste et par conséquent, en particulier, aussi pour les communistes italiens.

Sincères salutations.