La Huitième Ligne de Démarcation

Seconde partie extraite de La Voce, organe du (n)Parti Communiste Italien, N° 10 (mars 2002)
domenica 11 marzo 2007.
 
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La Huitième Ligne de Démarcation
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La Huitième Ligne de Démarcation
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Sur le problème du maoïsme, troisième étape supérieure de la pensée communiste, après le marxisme et le léninisme.

Sur la nécessité que les nouveaux partis communistes soient
marxiste-léniniste-maoïstes et non seulement marxiste-léninistes.

Seconde partie extraite de La Voce, organe du (n)Parti Communiste Italien, N° 10 (mars 2002).

La première partie de cette article à été publié dans La Voce N° 9 (novembre 2001).









Index de la seconde partie :

 

1. La guerre populaire révolutionnaire de longue durée.

Nous, les communistes des pays impérialistes, quelle voie devons nous suivre pour porter la classe ouvrière à instaurer la dictature du prolétariat et commencer la phase socialiste de transformation de la société capitaliste et pour ainsi contribuer à la seconde grande vague de la révolution prolétarienne mondiale ? Pag. 4

2. Les révolutions de ‘nouvelle démocratie’.

La stratégie des communistes dans les pays coloniaux et semicoloniaux opprimés par l’impérialisme. Pag. 9

3. La lutte de classe dans la société

socialiste.

La contribution historique des pays socialistes construits pendant la première grande vague de la révolution prolétarienne et les enseignements de leur expérience. Pag. 10

4. La ligne de masse.

La ligne de masse comme la méthode principale de travail et de direction de tout parti communiste. Pag. 11

5. La lutte entre les deux lignes dans le parti.

La lutte entre les deux lignes dans le
parti comme principe pour le développement du Parti Communiste
et pour sa défense face à l’influence de la bourgeoisie. Pag. 12



“J’estime que le plus important pour nous tous, tant pour les russes que pour les camarades étrangers, est que, après cinq ans de révolution russe nous devons nous instruire. C’est maintenant seulement que nous avons eu la possibilité de nous instruire. Je ne sais pas combien cette possibilité durera. (...) Mais chaque instant libre de batailles, libre de la guerre, nous devons l’utiliser pour étudier, et cela en commençant par le début”.


(Lénine, novembre-décembre 1922, Au quatrième congrès de l’IC)

En paraphrasant ce que Staline dit en traitant du léninisme,1 je dis d’abord qu’exposer les contributions du maoïsme à

la pensée communiste ne veut pas dire exposer la conception du monde de Mao Tse-tung. La conception du monde de Mao et le maoïsme ne sont pas la même chose. Mao Tse-tung est un marxiste-léniniste et la base de sa conception du monde est le marxisme-léninisme. Donc exposer le maoïsme ne signifie pas exposer toute la conception du monde de Mao, mais exposer ce qu’il y a de particulier et de nouveau dans les œuvres de Mao, ce que Mao a apporté au trésor commun du marxisme-léninisme et qui est lié à son nom.2

Ceci est une ligne de démarcation entre nous et tous ces “maoïstes” qui présentent le maoïsme comme une conception en soi même, absolument nouvelle et indépendante du marxisme-léninisme, comme une rupture avec le vieux mouvement communiste.

Dans cet article je me limiterai à exposer cinq contributions de Mao à la pensée communiste. Elles éclairent quelques-uns des principaux problèmes politiques que tous les communistes doivent affronter actuellement, Elles sont indispensables aussi pour faire un juste bilan du vieux mouvement communiste ( 1917 – 1956, ndt ) et de la première grande vague de la révolution prolétarienne. Et c’est grâce a ces contributions que les nouveaux partis communiste doivent être et seront marxiste-léniniste-maoïstes.3

Les lecteurs qui veulent avoir une connaissance plus large du maoïsme peuvent trouver d’autres contributions de Mao illustrées ailleurs.4



1. La guerre populaire révolutionnaire de longue durée.
Nous, les communistes des pays impérialistes, quelle voie devons
nous suivre pour porter la classe
ouvrière à

instaurer la dictature
du prolétariat et commencer la phase socialiste de transformation de la
société capitaliste et pour ainsi
contribuer à la seconde grande vague
de la révolution prolétarienne mondiale ?

 

Il y a des forces subjectives de la révolution socialiste (FSRS) qui ne dépassent pas le stade d’une approche spontanée des luttes. Elles participent aux luttes existantes et elles font “ce qu’on peut faire”. Elles essayent de renforcer toutes sorte de luttes. Elles ont confiance que de lutte en lutte elles arriveront à gagner, si seulement le nombre de luttes augmente et si aussi le nombre des travailleurs qui y participent augmente, si les luttes deviennent plus acharnées (si elles deviennent plus “militantes”).

Les forces qui dépassent cette approche spontanéiste,5 se posent le problème de trouver la voie de la conquête du pouvoir. Elles se posent le problème de la stratégie à suivre pour la conquête du pouvoir. Quelle est “la voie à suivre” pour arriver a instaurer la dictature du prolétariat ? Quel est le dessein général duquel découle la stratégie à suivre dans chacune des phases à travers lesquelles nous devrons forcément passer ? Quelle est la conception générale sur laquelle on doit baser nos plans à long terme, projeter toutes nos opérations, distinguer les initiatives qui nous conviennent de celles qui ne nous conviennent pas, comprendre quelles sont les classes et les forces politiques et sociales sur lesquelles dans chaque phase nous pouvons compter et dans quelle limite nous pouvons compter sur chacune d’elles, comment employer de la manière la plus opportune les forces organisées que nous dirigeons déjà ?

Avoir une stratégie juste, ça veut dire donner une juste réponse à cette question qui préoccupe ceux qui aujourd’hui sont déjà convaincus que la classe ouvrière, pour résoudre ses milles problèmes, doit conquérir le pouvoir et instaurer la dictature du prolétariat : qu’est ce qu’ils doivent faire pour se rapprocher de la victoire et pour mener d’étape en étape la classe ouvrière à créer les conditions nécessaires pour profiter de l’actuelle crise générale du capitalisme, pour instaurer son pouvoir et pour inaugurer la nouvelle époque de transformation de la société, l’époque socialiste? Se donner une stratégie veut aussi dire apporter une réponse fondée sur l’expérience et la science du mouvement communiste et non seulement une réponse spontanée, instinctive ou de bon sens, à “la voie démocratique et parlementaire au socialisme”, à “la voie des réformes de structures”, à “l’évolution pacifique vers le socialisme”, à “la convergence graduelle entre les deux systèmes” et aux autres “voies”

dont les révisionnistes ont été les promoteurs dans les pays impérialistes et qui ont désormais montré, dans les 15 dernières années aussi dans la pratique, leur caractère utopique.

Pour les spontanéistes, la fréquence et l’intensité des luttes, la quantité de travailleurs qui y participent et l’acharnement avec laquelle ils y participent et, surtout, l’efficacité des luttes, sont des données desquelles il faut partir. Au contraire, à toutes les personnes qui réfléchissent sur le sujet, il est clair que, à égalité d’autres conditions, en effet toutes ces choses là dépendent de la direction que nous, les communistes, nous donnons à nos activités et de la voie que nous suivons. Souvent, tout camarade à vécu des situations dans lesquelles beaucoup de travailleurs auraient voulu agir, mais ils ne savent pas que faire, ou bien si ils ont une idée de quoi faire, concrètement ils n’ont pas les moyens pour le faire parce qu’ils ne les ont pas construits préalablement, et/ou ils ne sont pas dans les conditions de le faire parce qu’ils n’ont pas créé préalablement ces conditions. Le niveau de mobilisation des masses populaires qu’il y a effectivement face à un événement, n’est pas le fruit spontané ni au hasard de la somme de volontés individuelles. Il n’est pas non plus le fruit des relations spontanément établies dans les masses populaires par le rôle qu’elles jouent dans la société bourgeoise. La conscience qui se forme dans les masses populaires face à

un événement n’est pas non plus le fruit spontané ou au hasard de la sommes des expériences individuelles. Les deux sont le fruit des conditions créées par la lutte politique et par le mouvement politique qui ont précédé l’évènement. Nous, les communistes, nous pouvons modifier, en suivant une ligne approprié, la fréquence et le nombre de luttes, le nombre de travailleurs qui y participent, leurs détermination et leur acharnement et les caractéristiques de ces luttes. A condition d’avoir créé

préalablement les conditions suivantes : si nous avons créé un réseau d’organisation et des canaux de relations et d’ententes, si nous avons créé opportunément une orientation juste, si nous avons d’une manière adéquate préparé les luttes, si nous avons déclenché les luttes justes au moment opportun, si nous avons obtenu des victoires. Pour gagner il est indispensable d’avoir et de suivre une stratégie juste, c’est-à-dire conforme aux conditions concrètes dans lesquelles nous luttons, aux conditions desquelles nous partons et qui ne dépendent pas de notre volonté et de notre intelligence, que nous ne pouvons pas changer avec notre activité ou bien que nous pouvons changer seulement en menant pendant un certain temps une activité

proportionnée.

Nous, les communistes, nous sommes en train de reconstruire le parti communiste dans une phase d’instabilité et de bouleversement de l’ordre existant (que nous appelons “situation révolutionnaire en développement”). Cette phase se prolongera encore pour beaucoup d’années quelles que soient les initiatives d’individus, groupes et partis. Il est donc indispensable que nous définissions, bien qu’en termes généraux et schématiques, la voie que nous devons suivre dans les prochaines années, à partir de maintenant et jusqu’au moment où nous aurons instauré

la dictature du prolétariat : c’est à dire notre stratégie. Une FSRS ( force subjective de la révolution socialiste ) qui ne s’occupe pas de tracer la stratégie, même si elle déclare travailler à la reconstruction du parti communiste, ou elle est hors du bon chemin ou de toute façon elle ne donne qu’une contribution limitée.

A partir de la publication du Manifeste du Parti Communiste (1848), les communistes se sont posés la tâche de tracer la voie qu’ils devaient suivre, la direction générale à laquelle ils devaient se conformer pour accomplir le devoir de mener la classe ouvrière

à instaurer son pouvoir.

En 1848 et quelques année après les communistes ont entretenu l’illusion que le prolétariat prendrait le pouvoir au cours d’une révolution populaire, de la même manière que l’avait conquis la bourgeoisie contre les forces féodales. Par sa nature la société bourgeoise est perpétuellement le terrain d’innombrables luttes d’intérêts entre classes, groupes et individus. De temps en temps ces luttes “entrent en résonance”, elles s’aggravent, elles se coalisent jusqu’à diviser la société en deux camps opposés et elles explosent dans un conflit qui implique la société entière.

“Il aurait succédé qu’une minorité, constituée par un parti prolétarien capable de se mettre à la tête du mouvement et d’exprimer d’une manière cohérente les exigences économiques, politiques et culturelles du prolétariat et de la majorité

de la population, aurait été au même, en luttant contre la minorité bourgeoise qui avait participé alliée au peuple dans la première phase de la révolution, de guider la majorité du peuple à la victoire contre la bourgeoisie”.6

En 1895 Engels reconnut que “l’histoire avait démenti cette conception partagée par lui même et par Marx. Elle avait fait comprendre que la classe ouvrière, pour qu’elle puisse renverser la société bourgeoise, devait, au moins jusqu’à un certain point, avoir déjà élaboré les instruments et les conditions de son pouvoir à l’intérieur de la société

bourgeoise même.”

Dans l’écrit auquel ici on fait référence (F. Engels, Introduction à Luttes de classes en France de 1848 à 1850 de K. Marx, 1895), Engels expliquait que la révolution socialiste se distingue de toutes les révolutions qui l’ont précédée dans l’histoire. Toutes les révolutions étaient restées révolutions de minorités, même quand le gros de la population y prenait une part active. Il s’était toujours agi de la substitution de la domination d’une classe exploiteuse par celle d’une autre. Une minorité dominante était renversée et une autre minorité prenait sa place. Par sa nature la révolution socialiste par contre n’exige pas seulement la participation active du gros de la population au renversement du vieux pouvoir. Elle exige aussi sa participation active à la création du nouveau pouvoir et à la transformation sociale à laquelle ceci préside. En outre entre la masse des travailleurs et n’importe quelle minorité

exploiteuse il y a une différence qualitative qui n’existe pas entre l’un et l’autre minorité exploiteuse. L’accès de la masse des travailleurs au pouvoir ressemble encore moins par sa nature à la succession d’un parti bourgeois à un autre dans la direction de l’Etat. Le nouveau pouvoir ne peut pas consister dans la prise de possession de l’appareil d’Etat et de ses institutions, à l’activité desquels il faudrait seulement donner une orientation différente et des nouvelles lois. Il est nécessaire de détruire entièrement le vieil appareil d’Etat, ses institutions et son ordre et de les remplacer par un nouvel Etat adapté à

la nouvelle classe dominante et à ses objectifs, avec ses propres institutions et ses propres ordres. Cela comporte donc une préparation du gros de la population à la hauteur de la nouvelle tâche, une accumulation des forces révolutionnaires qui doit se réaliser pas après, mais avant la conquête du pouvoir, dans le cadre de la société actuelle, tant que le pouvoir reste dans les mains de la bourgeoisie. Une partie de ce travail avait été déjà accompli, disait Engels en 1895. Dans les plus grands pays capitalistes d’Europe, Lénine reconnaissait vingt ans après, “dans le dernier tiers du XIX-ième siècle et au début du XX-ième siècle, dans la longue période

‘pacifique’ de l’esclavage capitaliste le plus cruel et dans une phase du progrès capitaliste le plus rapide, la Seconde Internationale a accompli sa part de travail préparatoire utile, d’organisation des masses prolétariennes” (Lénine, La Situation et les tâches de l’Internationale Socialiste, le 1er novembre 1914). Dans plusieurs pays européens la Seconde Internationale avait amené des millions de prolétaires à se coaliser dans des partis, à se proposer des objectifs communs et à

exercer en tant que collectif et grâce à leur nombre, les mêmes droits politiques que la bourgeoisie prétendait reconnaître à chaque individu (mâle), mais qu’aucun prolétaire, à cause de sa condition économique et sociale, ne pouvait exercer individuellement. Le parti prolétaire

était arrivé à bénéficier de ces droits. Il exerçait sur la vie politique du pays l’influence que chaque bourgeois pouvait exercer individuellement grâce à ses richesses et grâce à son rôle dans la société

civile. Déjà en 1895, Engels affirmait cependant que la bourgeoisie des pays européens aurait violé même sa propre légalité, comme les événements dans le siècle qui a suivie l’ont abondamment confirmé. Il annonçait le passage du système politique bourgeois de la démocratie bourgeoise à la contre-révolution préventive, et de la part du parti communiste, une accumulation des forces révolutionnaires qui ne se serait pas principalement obtenue dans les luttes électorales et parlementaires, ni en général dans le cadre des ordres existants.

Il était donc non seulement impossible que la classe ouvrière instaurât son pouvoir de manière analogue à la prise du pouvoir de la bourgeoisie. Il était aussi hors de question de miser sur une conquête du pouvoir par voie électorale et parlementaire. Il était aussi hors de question de croire d’accomplir les tâches, que la classe ouvrière et les masses populaire devait accomplir, avec l’agrégation, l’organisation et l’unification idéologique et politique qu’elles réalisaient autour des luttes parlementaires et des luttes quotidiens d’intérêts tout

à fait naturelles et physiologiques pour la société bourgeoise ; avec ces même agrégations, organisations et unifications liées à ces luttes et qui portaient à la formation de partis électoraux, de syndicats, de coopératives et d’autres organisations de masse. Pourtant Engels ne disait pas comment le parti communiste aurait dû répondre à cette transformation du régime politique de la bourgeoisie qui aurait mis hors-jeu la manière avec laquelle il avait jusqu’à ce moment opéré

pour accumuler les forces révolutionnaires au sein de la société bourgeoise.7 A son tour dans l’article déjà cité ci-dessus, Lénine ajoutait que “le devoir appartient à l’Internationale Communiste d’organiser les forces du prolétariat pour l’assaut révolutionnaire contre les gouvernements capitalistes, par la guerre civile contre la bourgeoisie de tous les pays, pour le pouvoir politique, pour la victoire du socialisme!”. Il ne disait pas comment la nouvelle Internationale aurait réalisé

cette tâche.

La première Internationale Communiste (Comintern 1919-1943, ndt) n’a pas porté à l’instauration de la dictature du prolétariat en Europe (occidentale, ndt). Mais, au cours de la longue crise qui pendant la première moitié du dernier siècle a bouleversé le continent, elle a beaucoup avancé vers ce but. Les conceptions et les méthodes avec lesquelles l’IC a cherché

à canaliser les événements de cette période, et a engagé dans la lutte les forces dont elle disposait, et les résultats de son activité constituent un matériel expérimental précieux. Nous les communistes nous devons l’utiliser pour élaborer les conceptions et définir les méthodes et les critères avec lesquels nous affrontons

à notre tour la même tâche au cours de la nouvelle crise générale qui déjà depuis plus de trente ans secoue nos pays, qui remet en cause l’ordre de chaque pays et l’ordre internationale et qui élimine l’une après l’autre les conquêtes que les masses populaires de nos pays avaient arraché à la bourgeoisie. En bref, nous devons utiliser l’expérience de la première IC pour élaborer notre stratégie qui vise à instaurer la dictature du prolétariat.8

Le bilan des expériences de la première IC amène certains camarades à des conclusions qui, bien que différentes l’une de l’autre, non seulement n’éclaircissent pas les événements ni orientent et stimulent le travail que nous devons faire, mais dans des différentes mesures entravent soit la compréhension, soit le travail pratique, et démoralisent nos forces. Toutes ces conclusions sous-estiment les potentialités révolutionnaires de la classe ouvrière et des masses populaires des pays impérialistes. Ces camarades ne veulent pas reconnaître que les conceptions et les méthodes de la première IC étaient inadéquates à

l’objectif qu’elle poursuivait. Ils doivent donc se replier sur la thèse que la classe ouvrière des pays impérialiste ne veut pas le socialisme, ou bien sur la thèse que l’instauration du socialisme dans les pays impérialistes n’est pas possible, ou au moins sur la thèse qu’il n’y a rien à faire sauf espérer dans le mouvement révolutionnaire des pays opprimés ou dans la chance. En générale il s’agit de bilans empiristes.9

Au contraire si on base son bilan sur les faits analysé à la lumière du matérialisme dialectique, on arrive à la conclusion qu’aussi dans les pays impérialistes la voie de la conquête du pouvoir de la part de la classe ouvrière, la forme de la révolution socialiste, c’est la guerre populaire révolutionnaire de longue durée.10

Contrairement à la Seconde Internationale (1889-1914, ndt), l’IC (Troisième Internationale, ndr) a tenu compte dans sa pratique de la différence qualitative entre les luttes d’intérêts (congénitales à la société bourgeoise et quotidiennes) et la lutte pour le socialisme. Cependant elle a constamment opposé, comme éléments dont l’un exclut l’autre, lutte pacifique et lutte violente, travail à l’intérieur de la société bourgeoise et travail contre la société

bourgeoise, activité parlementaire et guerre civile, alliance et lutte, contradictions non antagonistes et contradictions antagonistes, contradictions entre masses populaires et bourgeoisie impérialiste et contradictions entre groupes de la classe dominante, politique revendicative et politique révolutionnaire, organisation légale et organisation clandestine. Au contraire, en réalité, ces éléments constituent des unités de contraires. La stratégie de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée reconnaît ces unités de contraires. Elle développe les deux pôles de l’unité et elle compose avec eux la lutte de la classe ouvrière pour miner et en définitive éliminer le pouvoir de la bourgeoisie impérialiste et instaurer son pouvoir. Les conflits quotidiens (structuraux, physiologiques) de la société impérialiste opposent les membres des masses populaires (comme individus, comme collectif de travail, comme catégorie, comme classe) à la bourgeoisie impérialiste. Mais, à eux seuls, il ne les unissent pas de manière permanente dans un front antagoniste à la société

bourgeoise. Parce qu’en même temps, tant qu’elle l’implique en conflits répétés et quotidiens avec le capitalisme et son Etat, la société bourgeoise soumet tout membre des masses populaires à la direction et à l’influence idéologique et morale de la bourgeoisie. Elle émousse et érode le côté antagoniste que, de l’autre côté, elle crée et recrée continuellement.

Alors il s’agit pour le parti communiste de recueillir et consolider en organisations spéciales le côté antagoniste que la société bourgeoise implique en elle même et qui continuellement émerge d’elle. Il s’agit de recueillir et unir en organisations tout antagonisme que la société bourgeoise engendre continuellement, d’éduquer à l’antagonisme tous ceux que l’expérience a porté

à prendre des voies antagonistes, de renforcer leur antagonisme avec la force de l’organisation et de l’action, de faire en sorte que ce côté antagoniste exerce son influence sur toute la société tout en étant extérieur et opposé à elle. En bref, dans tout pays impérialiste le parti communiste doit se donner la tâche de promouvoir, d’organiser et de diriger la guerre des masses populaires contre la bourgeoisie impérialiste. Mais il ne s’agit pas pour les partis communistes de déclarer une guerre qui n’existe pas. Il s’agit au contraire, de la part des partis communistes, de prendre conscience de la guerre non déclarée qui se déroule déjà et de porter par étapes les masses populaires à la mener, elles aussi, de manière de plus en plus efficace.

La deuxième crise générale du capitalisme et la situation révolutionnaire en développement correspondante sont le contexte de la désagrégation de la société actuelle et de la lutte pour l’affirmation de la société socialiste dans les pays impérialistes. La bourgeoisie impérialiste pour valoriser son capital mène aujourd’hui déjà, aussi contre les masses populaires des pays impérialistes, une guerre non déclarée par laquelle elle les écrase, et de manière différente elle torture physiquement et spirituellement une grande partie de la population des pays impérialistes. Elle même détruit les ordres et les pratiques dans lequel la sujétion des masses populaires des pays impérialistes à la bourgeoisie était devenue une habitude. Le sommet des groupes impérialistes américains a donné, à partir de l’été

passé (2001, ndt) aux événements une tournure qui confirme d’une manière encore plus claire que la cible principale des groupes impérialistes sont les masses populaires des pays impérialistes. Il est clair du reste que, tant qu’ils réussiront à tenir en respect les masses des pays impérialistes, ils réussirons aussi à tenir en respect les peuples des pays opprimés : en les divisant, en les opposant l’un à l’autre, en bombardant les irréductibles et en terrorisant. D’autre part les groupes impérialistes peuvent faire le gendarme mondial seulement s’ils instaurent dans les pays impérialistes des Etats toujours plus policiers et une mobilisation réactionnaire croissante des masses. Voila le processus de la crise générale du capitalisme. Il se développe avec une variété

extraordinaire de formes et avec des changements fréquents. Il procède avec des hauts et des bas, d’une manière très irrégulière et différenciée. Des périodes dans lesquelles l’oppression frappe de manière particulièrement cruelle, alternent avec des périodes presque de trêve. Des périodes dans lesquelles l’oppression frappe les secteurs le plus large des masses populaires, alternent avec des périodes dans lesquelles les pires coups sont concentrés sur des secteurs restreints. La bourgeoisie alterne les différents formes d’attaques sur les différents groupes des masses populaires. Actuellement face à

cette guerre, chaque individu, groupe, catégorie et classe des masses populaires réagit en ordre éparpillé du mieux qu’il peut. La bourgeoisie dispose de moyens différents pour diviser, pour frapper un groupe après l’autre, pour entraver la concentration des classes et des groupes frappés, pour les mettre l’un contre l’autre. Mais c’est un processus qui continuera tant que la crise générale actuelle n’aura pas débouché dans la révolution socialiste ou dans une nouvelle guerre inter-impérialiste qui établira un nouvel ordre mondial capitaliste (une débouché que nous ne pouvons pas exclure avec certitude). Il s’agit donc pour tout parti communiste de transformer par étapes cette guerre non déclarée que les masses subissent, en une guerre que les masses populaires mènent en forme de plus en plus organisée, de plus en plus unifiée et en prenant de plus en plus en main l’initiative. L’expérience de la Résistance contre le nazi-fascisme en Italie et en France montre qu’aussi dans les pays impérialistes plus développés la guerre révolutionnaire est possible : tout dépend de combien les masses populaires y participent. Tout parti communiste doit comprendre d’une manière toujours plus profonde la guerre non déclarée qui se déroule, recueillir les formes de résistance que les masses lui opposent, les élaborer, les socialiser et les porter à

un niveau supérieur. Combiner toutes les formes de luttes que les masses pratiquent, pacifiques et violentes, ouvertes et clandestines. Trouver les manières de faire de plus en plus confluer tous les groupes, les catégories et les classes des masses populaires dans un front unique qui s’oppose au camp de la bourgeoisie impérialiste. Evidemment tout parti devra apprendre à appliquer dans son terrain particulier les thèses générales . Cela sera certainement un processus très long, tortueux et douloureux. Il devra faire un effort constant pour tirer les enseignements général des faits particuliers, en s’appuyant sur les données particulieres d’autant plus que la situation politique est arriérée. La stratégie de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée est une stratégie pour la transformation de la classe ouvrière en classe dirigeante, pour faire passer les masses populaires de la direction de la bourgeoisie à la direction de la classe ouvrière et pour instaurer la dictature du prolétariat en balayant la dictature de la bourgeoisie. La guerre populaire révolutionnaire est une guerre de type spécial, différente de celles qu’on a vu jusqu’à présent. La classe ouvrière la mènera à sa manière. À l’intérieur de cette guerre l’aspect militaire est essentiel, mais l’importance de son rôle changera beaucoup d’étape en étape. Seulement le développement pratique nous permettra de mieux définir tour à tour les tâches à

accomplir. En termes générales dès à présent on peut dire que pour tout parti il s’agira :

1. de déterminer les phases pour arriver à l’instauration de la dictature du prolétariat, de découvrir pour chaque phase les objectifs et les lignes justes (c’est-à-dire conformes au développement objectif des contradictions du monde actuel et du pays spécifique) et de s’organiser de manière adéquate pour les réaliser;

2. de mobiliser toute classe et groupe des masses populaires à défendre avec la plus grande efficacité possible tout son intérêt particulier contre la bourgeoisie impérialiste et à exploiter de toutes manières les luttes quotidiennes d’intérêts qui se déroulent dans la société bourgeoise et dans ses institutions, comme un facteur auxiliaire du développement du processus révolutionnaire;11

3. d’amener la classe ouvrière à s’identifier avec son avantgarde organisée et à agir en conformité aux lignes et aux objectifs indiqués par le parti et à prendre la direction des autres classes des masses populaires;12

4. de diriger et de manœuvrer en toutes circonstances les couches le plus avancées des masses de façon

à ouvrir la voie de la lutte aux couches les plus arriérées
qui peuvent se radicaliser seulement si elles donnent
une expression pratique à la tendance anticapitaliste,
dictée par l’expérience pratique de l’oppression et de
l’exploitation;13

5. de construire et diriger (directement ou indirectement) en dehors des relations politiques bourgeoise (donc le parti est nécessairement illégal) le front le plus ample possible de classes et de forces politiques pour réaliser les objectifs de chaque phase en promouvant le maximum d’organisation de masses publiques et clandestines, légales et illégales, pacifiques et combattantes;

6. de développer très attentivement les forces armées révolutionnaires dirigées par le parti parce qu’en définitive la lutte armée doit jouer un rôle décisif et déterminant pour réaliser les aspirations des masses populaires et instaurer la dictature du prolétariat (“le pouvoir est au bout du fusil”).

En conclusion il s’agit de développer tout le potentiel de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée, en construisant un large front de forces et de classes révolutionnaires autour du parti, qui a avec toute composante du front une relation d’unité et de lutte.14

Mao Tse-tung a élaboré l’expérience de la révolution russe et de la révolution chinoise jusque à en tirer la théorie la plus avancée de la guerre populaire révolutionnaire de longue durée. Il a développé de manière systématique la science de cette guerre populaire révolutionnaire de long durée. Elle est la théorie la plus développée de la forme de la révolution prolétarienne, de la voie que la classe ouvrière doit tenir aussi dans les pays impérialistes pour prendre le pouvoir. Elle éclaire en outre et elle clarifie l’expérience de la première Internationale Communiste dont les passages et les résultats sans cette théorie restent mystérieux, tandis qu’à

la lumière de cette théorie ils deviennent hautement instructifs.


2. Les révolutions
de ‘nouvelle démocratie’.
La stratégie des communistes
ans les pays coloniaux
et semicoloniaux opprimés
par l’impérialisme.


La première grande vague de la révolution prolétarienne et le développement de l’impérialisme ont ultérieurement fait mûrir les conditions de la révolution démocratique dans les pays coloniaux et semicoloniaux où vit la majorité de l’humanité. Ils ont aussi fait avancer quelques-unes des plus importantes conditions pour son succès. Les ouvriers (les travailleurs embauchés dans les usines capitalistes) sont plus nombreux. Le niveau culturel et la capacité d’organisation ont grandi

énormément. Une grande expérience révolutionnaire a été accumulée pendant la première grande vague de la révolution prolétarienne et la lutte qui a éliminé le système colonial. Dans de nombreux pays opèrent des groupes et partis communistes. Dans certains (Pérou, Colombie, Philippines, Népal, Bangladesh, Inde, Turquie, etc.) guerres populaires révolutionnaires se déroulent. Dans d’autres il y a de forts mouvements révolutionnaires. La défaite du vieux système colonial et la faillite du néocolonialisme ont changé de manière irréversible la situation. Finalement le capital financier a détruit sur une plus grande

échelle les conditions qui rendaient possible la survivance misérable des travailleurs qu’il dépouille avec des impôts, intérêts, droits, tarifs et prix monopolistes. Poussés par la crise générale de surproduction absolue de capital qui les contraigne, les groupes impérialistes en concurrence entre eux ont envahi les pays opprimés, ils les pillent de plus en plus en profondeur et ils les soumettent aux nouvelles agressions ouvertes. La “politique des bombardiers” renouvelle avec une plus grande puissance et férocité les “missions civilisatrices”

de la “politique des canonnières” du début du XX-ième siècle et confirme à tous les peuples la “supériorité de la civilisation chrétienne” personnifiée par la couple conflictuel d’ami - ennemi Bush et Woityla : le bourreau qui tue et le chapelain qui réconforte. Les groupes impérialistes avancent des prétentions sans fin de tout genre et partout. Et ils les avancent avec une arrogance autant plus ouverte que la résistance à leur satisfaction est plus grande. Voilà

le terrain duquel naît le ferment qui grandit dans tous les pays opprimés. La rébellion qui couve dans ces pays et qui donne lieu tour à tour à explosions de plus en plus fréquentes, est une manifestation des grands pas en avant accompli par l’humanité pendant la première grande vague de la révolution prolétarienne. Elle est aussi une manifestation des meilleures conditions dans lesquelles elle affronte la seconde grande vague. Le déclin du vieux mouvement communiste et l’agression de l’impérialisme n’ont effacé

qu’une partie des conquêtes atteintes, tandis qu’elles rendent objectivement contradictoires et subjectivement intolérables les nouvelles et croissantes prétentions des groupes impérialistes et de leurs marionnettes et agents locaux.15 Voilà ce qui les pousse à les avancer avec une arrogance de plus en plus ouverte et intolérante, avec des armes de plus en plus puissantes et avec un terrorisme de plus en plus féroce. La lutte de classe devient plus aigüe au fur et à mesure que la fin du capitalisme se rapproche, bien que les événements et les combinaisons de forces ne suivent pas dans les détails toutes les instructions de nos manuels.

Tout ceci fait assumer aux pays coloniaux et semicoloniaux dans la nouvelle grande vague de la révolution prolétarienne qui avance, un rôle encore plus important que celui qu’ils ont joué dans la première grande vague, dans sa préparation et dans son déroulement.16 Aujourd’hui les pays coloniaux et semicoloniaux donnent déjà une importante contribution au développement de la seconde grande vague de la révolution prolétarienne. Là

pour le moment se déroulent les batailles les plus sanglantes. La lutte pour l’affirmation dans le mouvement communiste du maoïsme comme troisième étape supérieure de la pensée communiste a été lancée par le Parti communiste péruvien et par son président Gonzalo. Les partis communistes des pays coloniaux et semicoloniaux exercent une grande influence dans la formation des nouveaux partis communistes dans le monde entier. Le mouvement politique des pays coloniaux et semicoloniaux, grâce aux coups qu’ils portent aux intérêts des groupes impérialistes, alimente d’une mesure croissante le mouvement politique des pays impérialistes et il l’accélère. Quels qu’en soient les promoteurs, les organisateurs et les exécutants, les attentats du mardi 11 septembre 2001 à New York et Washington sont les faits aussi du mouvement de rébellion des pays coloniaux et semicoloniaux : ou de là sont arrivés leurs promoteurs, ou bien c’est aussi pour prendre la tête de la série de coups portés à leurs intérêts dans les pays arabes que les groupes impérialistes américains ont donné le feu vert à la stratégie de la tension au niveau planétaire.

Les positions les plus avancées desquelles partent les pays coloniaux et semicoloniaux, combinées avec les conditions les plus avancées de la lutte contre la discrimination raciale, contre l’oppression nationale et contre la discrimination et l’oppression des femmes, contribuent à assurer qu’avec la seconde grande vague de la révolution prolétarienne les classes exploitées, les peuples, les nations et les races opprimées et les femmes atteindront des succès et des conquêtes plus grandes de ceux atteints avec la première grande vague.

L’importance qu’a la révolution des pays coloniaux et semicoloniaux est telle qu’elle amène certains groupes et partis, aussi dans les pays impérialistes,

à croire qu’elle, et non la révolution socialiste dans les pays impérialistes, est le centre moteur de la nouvelle grande vague de la révolution prolétarienne au niveau mondial et le terrain sur lesquels se décidera en définitive son résultat. Cette conception dans sa complexité est erronée. La contradiction entre pays opprimés et pays impérialistes, comme celle entre groupes impérialistes jouent dans certaines phases de la seconde grande vague le rôle principal, mais dans l’ensemble de la seconde grande vague le rôle principal est joué par la contradiction entre classe ouvrière et la bourgeoisie impérialiste. La révolution prolétarienne est d’abord une révolution socialiste. Cette thèse erronée renforce la sous-estimation des potentialités révolutionnaires de la classe ouvrière et des masses populaires des pays impérialistes et par conséquent elle a un effet négatif sur l’activité révolutionnaire des communistes des pays impérialistes et elle affaiblit en définitive tout le mouvement révolutionnaire.

Dans la plus grande partie des pays opprimés, coloniaux et semicoloniaux, la révolution qui est en train de se développer est de par sa nature une révolution démocratique. Ses tâches principales sont : 1. l’élimination des résidus féodaux et des autres formes d’économie basées sur des relations de dépendance et d’oppression personnel le(esclavagiste, religieuse, féodale, patriarcale, ndr) et 2. la libération de la domination impérialiste, donc la lutte contre l’impérialisme et ses agents locaux (la bourgeoisie compradore et la bourgeoisie bureaucratique).

La seule stratégie avec laquelle il est possible de développer complètement la révolution dans les pays opprimés et de la porter au succès, est la stratégie de la révolution de nouvelle démocratie: une révolution démocratique qui est dirigée par la classe ouvrière par l’intermédiaire de son parti communiste, une révolution qui fait partie de la révolution prolétarienne mondiale, et qui crée les conditions pour le début de la transformation socialiste de la société.

Mao Tse-tung a développé la conception de Lénine sur l’alliance entre ouvriers et paysans et entre les ouvriers des métropoles et les peuples opprimés des colonies et des semicolonies et sur les deux étapes de la révolution. Il a élaboré une doctrine systématique et relativement complète de la révolution de nouvelle démocratie et de son développement en révolution socialiste. Donc aussi de ce point de vue on confirme que le maoïsme est la troisième étape supérieure de la pensée communiste.

 

3. La lutte de classe dans
la société socialiste.
La contribution historique des
pays socialistes construits pendant la
première grande vague de la révolution prolétarienne et les enseignements
de leur expérience.

 

Il est impossible de développer au-delà

d’un niveau élémentaire et spontané la renaissance du mouvement communiste sans un bilan de l’expérience des premiers pays socialistes. L’Union Soviétique, la République populaire chinoise et le camp socialiste avaient assumé un rôle très important dans la révolution prolétarienne mondiale. La dégénérescence avant et puis l’effondrement du camp socialiste ont produit et produisent des effets négatifs sur tout le mouvement communiste mondial et sur chacune de ses parties. En 1926 Staline avait dit: “Qu’est ce qu’il arriverait si le capitalisme réussissait à étouffer et anéantir la république des soviet ? L’époque de réaction la plus noire succéderait dans tous les pays capitalistes et coloniaux, la classe ouvrière et les peuples opprimés seraient étouffés, les positions du communisme international seraient perdues”.17

Ce qu’il avait dit en 1926, fut accomplit après un peu plus de 60 ans et il pèse encore sur nous.

Aujourd’hui la bourgeoisie répand encore la fable que Reagan et sa lutte contre “l’empire du Mal” et Woityla avec sa Sainte Vierge de Fatima auraient fait écrouler le camp socialiste. Tout communiste doit avoir une compréhension claire des motifs de la dégénérescence et de l’effondrement du camp socialiste et en particulier de l’Union Soviétique. C’est un élément indispensable soit pour la solidité idéologique dans la lutte que nous devons mener, soit pour éviter de répéter les fautes déjà commises. En outre l’histoire, bien que brève, des premiers pays socialistes jette une nouvelle et féconde lumière sur toute la doctrine et l’expérience du mouvement communiste : comme en général une expérience plus avancée permet de mieux comprendre aussi le passé et les expériences plus arriérées.

Mao Tse-tung a développé un bilan systématique et relativement complet du développement de la transition du capitalisme au communisme achevé dans les premiers pays socialistes. Il a en particulier illustré les lois de la transition sur la base de l’expérience achevée en URSS et dans la RPC.18

C’était déjà une doctrine acquise du mouvement communiste et plusieurs fois illustrée par Marx, par Engels, par Lénine et aussi par Staline (bien qu’avec quelques contradictions à propos du niveau auquel était arrivée en URSS l’extinction des antagonismes de classe), 1. que le socialisme était la phase de transition du capitalisme au communisme, de la transformation des rapports de production, des autres rapports sociaux et des idées, conceptions et sentiments qui leur sont rattachés, jusqu’à

éliminer les fondations et les manifestations de la société capitaliste et instaurer des rapports sociaux basés sur le principe : “de chacun selon ses possibilités, à chacun selon ses besoins” et les conceptions correspondantes ; 2. que cette transition occuperait une période historique entière et qu’elle serait complétée au niveau mondial, donc avec l’extinction des Etats, des barrières de races et de nations qui divisent encore les hommes et de toute 

forme d’oppression sur les femmes ; 3. que, tant que ce processus n’était pas accompli, les Etats et les divisions en classes exploitées et classes exploiteuses survivaient, bien qu’en mesure décroissante et d’une manière spécifique, et la lutte de classe restait le moteur de la transformation de la société.

Mao a montré que pour comprendre la lutte de classe dans les pays socialistes il faut considérer clairement trois aspects distincts des rapports de production : 1. la propriété des moyens et des conditions de la production ; 2. les divisions entre les hommes dans la production (division entre travail manuel et travail intellectuel, division entre dirigeants et dirigés, division entre hommes et femmes, division entre ville et campagne, division entre zones et secteurs avancés et zones et secteurs arriérés, etc.) ; 3. les rapports de distribution des produits. Si on considère tous ces trois aspects, il devient possible de comprendre avec sûreté et précision où

était la bourgeoisie dans les pays socialistes (elle était constitué par les dirigeants du parti, de l’Etat et des autres institutions sociales qui sponsorisaient la voie vers le capitalisme). Il devient possible faire une analyse complète de classe des sociétés socialistes et par conséquent diriger la lutte des classes opprimées dans le cadre des nouvelles conditions politiques et culturelles spécifiques de la société socialiste. La Révolution culturelle prolétarienne fut une manifestation pratique de la force qu’on pouvait dégager au service du communisme dans la société

socialiste.

Mao a montré que la transformation des rapports sociaux et des conceptions et sentiments connexes arrivait par étapes (chacune desquelles alternait évolutions graduelles et sauts). Donc la transformation pouvait être étudiée avec précision ("avec la précision d’une science expérimentale") et dans une certaine mesure dirigée en conformité à ses propres lois qu’on devait rechercher, découvrir et appliquer.19

Il était possible soit d’avancer dans la transformation soit de rétrograder. Dans la société socialiste deux voies se présentaient (aller en avant vers le communisme ou aller en arrière vers le système capitaliste), deux classes se combattaient l’une contre l’autre (la bourgeoisie et la classe ouvrière) et donc deux lignes se disputaient la direction du parti communiste, de l’Etat et des autres institutions de la société. Cela offrait aussi les bases pour affronter la lutte contre la restauration après que les révisionnistes modernes eurent pris la direction.20

Aucun analyse des pays socialistes, sauf le maoïsme, permet de valoriser leur expérience, mettre en évidence leurs limites et leurs problèmes réels et indiquer une voie d’avancement. Toutes les autres analyses cherchent à “lire” les pays socialistes avec les verres déformantes des catégories de sociétés plus arriérées (capitalisme d’Etat, mode de production asiatique, système bureaucratique, etc.). Même si la République populaire chinoise, à cause de son retard général, n’a pas pu remplacer l’Union Soviétique comme nouvelle base de la révolution prolétarienne mondiale, et elle est tombée dans les mains des révisionnistes modernes (Teng Hsiao-ping et ses successeurs), le maoïsme permet aux communistes du monde entier de comprendre l’expérience des pays socialistes et d’en tirer des leçons constructives.

La profondeur et justesse du bilan fait par Mao Tse-tung sur la société socialiste sont confirmées par le fait que même lui, qui avait dirigé la Révolution culturelle prolétaire et la lutte pour épurer les dirigeants du parti et de l’Etat qui sponsorisaient la voie capitaliste, il indiqua que les résultats atteints dans la République populaire chinoise étaient précaires et qu’il existait une probabilité élevé

que les révisionnistes modernes réussissent à prendre la direction du PCC et à faire régresser la RPC des positions atteintes, s’il n’y avait pas un rétablissement communiste en Union Soviétique.21


4. La ligne de masse.
La ligne de masse comme la méthode principale de travail et de direction
de tout parti communiste.


Tout parti communiste s’est trouvé et se trouvera encore à affronter la contradiction entre l’autonomie idéologique et organisationnelle du parti et le lien étroit du parti avec les masses. La première est la condition nécessaire pour que le parti puisse “élaborer” une ligne juste. La seconde est la condition nécessaire pour que le parti puisse “découvrir” et qu’il puisse “réaliser” la ligne juste. Tout parti communiste s’est trouvé et il se trouvera encore à

affronter la contradiction entre les objectifs immédiats, l’objectif de la phase et l’objective final. Tout parti communiste s’est souvent trouvé et il se trouvera encore à lutter contre deux déviations opposées: l’aventurisme de ceux qui se détachent des masses convaincus de pouvoir marcher plus vite vers l’objectif, et le suivisme de ceux qui s’épanouissent parmi les masses et se réduisent à illustrer ce que les masses font déjà, qui reproduisent l’état moyen, général, commun, répandu des masses.

La ligne de masse est le dépassement de ces contradictions et le critère pour échapper aux deux déviations.

Elle consiste à recueillir les éléments de connaissance répandus et confus qui existent parmi les masses et leurs aspirations, les élaborer et en tirer des objectifs, lignes, méthodes et critères et les porter aux masses jusqu’à ce qu’elles se les approprient et les réalisent. Ensuite recommencer, dans la nouvelle situation, à

recueillir les éléments répandus et confus de l’expérience des masses dans la nouvelle situation et leurs aspirations, les élaborer et en tirer nouveaux objectifs, lignes, méthodes et critères et les porter aux masses jusqu’à ce qu’elles se les approprient et les  réalisent. En répétant ce processus plusieurs fois, chaque fois les conceptions des communistes deviennent plus riches et plus concrètes et le processus révolutionnaire avance vers la victoire.

Vue d’un autre côté, la ligne de masse consiste à trouver en tout groupe la gauche (c’est-à-dire la partie dont les tendances, si elles sont réalisées, porteront le groupe à confluer dans le cours de la révolution), le centre et la droite,  mobiliser et organiser la gauche pour qu’elle unisse à soi le centre et isole la droite.

Pour pratiquer la ligne de masse, le parti doit donc avoir assez bien assimilé le matérialisme dialectique ("sans théorie les faits sont aveugles"), faire des bonnes enquêtes ("sans les faits la théorie est vide"), avoir une bonne compréhension d’ensemble du processus révolutionnaire en cours et du rôle des différents classes dans ce processus.

Dans ces conditions le parti va vers son objectif final (la révolution socialiste) en ne visant pas directement et en chaque circonstance concrète son objectif final, mais en visant dans chaque phase et dans chaque circonstance concrète l’objectif que les masses populaires peuvent réaliser et dont la réalisation rapproche les masses de l’objectif final du parti. La ligne de masse guide le parti à réunir dans chaque phase de la lutte le front le plus large possible de classes, de forces et de personnalités pour réaliser l’objectif de cette phase. Elle implique que le parti ait le maximum d’autonomie idéologique et politique, une grande capacité de compréhension des contradictions réelles et du mouvement en cours, clairvoyance, liberté de manœuvre. Si le parti se détache des masses, il ne c’est pas parce qu’il est trop avancé par rapport aux masses, mais parce qu’il n’est pas capable de comprendre la situation concrète, il est arriéré. Un bon médecin ou un bon professeur sont d’autant plus avancés et d’autant plus “autonomes”, qu’ils savent mieux comprendre la situation effective du malade ou de l’élève. Ils ne se conforment pas à ce que le malade ou l’élève dit, ils ne font pas ce que le malade ou l’élève suggèrent, mais ils comprennent ce qu’il est et le mobilisent à atteindre l’objectif que lui aussi veut atteindre. La ligne de masse permet au parti soit d’avoir en main l’initiative, soit de rester lié étroitement aux masses et de renforcer continuellement son lien avec les masses. Le lien avec les masses devient d’autant plus étroit que la qualité du parti est plus élevée et que son autonomie idéologique et politique est plus forte. La ligne de masse est aussi la synthèse entre « parti de masse » et « parti de cadres » : le parti de cadres qui dirige les masses. Elle est la synthèse entre la direction du parti et l’autonomie des masses, entre

« la politique d’en haut » et « la politique d’en bas ».

C’était une doctrine acquise du mouvement communiste que les idées venaient de la pratique, de l’expérience. Que dans la pratique des masses il y avait en germe, en forme confuse et dispersée, les éléments de tout connaissance supérieure. On peut citer des exemples innombrables de Marx, Engels, Lénine et Staline qui illustrent et confirment cette conception du rapport entre idées et sensations, entre conscience et expérience et ses reflets dans l’activité politique. Mao Tse-tung a exprimé de manière systématique et organique cette conception et il a indiqué

la ligne de masse comme la principale méthode de travail et de direction du parti communiste.22

 

5. La lutte entre les deux lignes
dans le parti.
La lutte entre les deux lignes dans
le parti comme principe pour
le développement du parti communiste
et pour sa défense face à l’influence
de la bourgeoisie.

 

Tout parti communiste parti s’est souvent trouvé et se trouvera devoir affronter la contradiction entre “cohésion idéologique et politique” et “discipline organisationnelle.” La première demande un effort systématique et organisé (avec des institutions et instances expressément dédiées) pour promouvoir le libre développement de tout membre et la meilleure valorisation de son expérience et que dans tout le parti règne un climat de débat libre et de discussion sincère des idées. La seconde implique unité d’orientation dans l’action, application loyale, active et fidèle des directives adoptées par le parti et subordination de l’individu au collectif, des instances inférieures aux instances supérieures, de la partie au tout. Les partis communistes créés par l’IC ont affronté cette contradiction en reconnaissant l’unité des contraires qu’elle renferme et en adoptant le centralisme démocratique comme principe d’organisation. Lénine a été notre maître dans ce domaine.

Cependant l’expérience a montré que la lutte pour la cohésion idéologique et politique du parti pose des problèmes pour la solution desquelles les partis communistes de la première IC n’avaient pas une ligne clairement établie. Aussi cela a offert une brèche à l’action des révisionnistes modernes.

Tout parti affronte fréquemment des situations nouvelles et il doit résoudre des nouveaux problèmes. Toute chose change et aussi les tâches que le parti doit remplir changent. Il est inévitable que dans le parti des divergences naissent. Elles sont même un facteur du développement du parti. Même les idées se développent par évolutions lentes et sauts, par le contraste, par la division de l’un en deux. Même les idées ont une histoire : elles naissent dans quelques hommes et elles acquièrent du soutient et des disciples au fur et à

mesure qu’elles montrent dans la pratique leur validité. Le bourgeois qui a une nouvelle idée la met en pratique : si la chose marche, tant pis pour ses concurrents ; si la chose ne marche pas, il fait faillite (et dans les deux les cas les travailleurs payent les dégâts). Parmi les communistes (et dans la société socialiste) les choses vont différemment. Le camarade qui a une idée la soumet au collectif. Il faut que le collectif lui donne la possibilité de l’illustrer, de la défendre et de la vérifier. Les nouvelles idées sont un bien précieux. Les conceptions et les lignes contrastantes viennent du contraste entre vrai et faux, entre nouveau et vieux, entre avancé et arriéré: les aspects inséparables de tout développement. Tout parti dans lequel il n’y eût pas de divergences de vues, serait un parti mort ("sans contradiction il y n’a pas de vie"). Face aux divergences de conceptions, il faut développer le débat, la recherche et la vérification pour arriver à

l’unité. Il n’y a pas d’autre manière pour arriver à la vérité. Si nous interdisons à quelqu’un qui a une idée différente de celle déjà acquise et commune, de l’exprimer et de la mettre à

l’épreuve, nous entravons le développement de la pensée dans le parti et nous contraignons la pensée à trouver des voies transversales pour s’imposer. Nous minons la cohésion idéologique et politique du parti, tandis que celle-ci est une condition nécessaire pour que la discipline organisationnelle se maintient dans le temps et qu’elle soit un élément de force et de succès du parti.

Nous communistes nous sommes favorable à

la liberté de critique. Tandis que nous sommes opposés à ce que dans le parti des conceptions et des lignes contrastantes cohabitent et coexistent pacifiquement, sans s’affronter. Donc pas de coexistence de conceptions et de lignes contrastantes, pas d’indifférence aux conceptions : si “chacun pense ce qu’il veut”, il fera aussi ce qu’il veut et il n’y aura aucune discipline organisationnelle. Au contraire, lutte ouverte entre conceptions divergentes pour arriver à l’unité sur les positions révolutionnaires les plus avancées et les plus justes. Le parti doit promouvoir la confrontation, le débat et la vérification. Une direction qui étouffe les contrastes, qui les craint, qui ne favorise pas le débat et la vérification n’est pas une bonne direction.

Mais les contrastes d’idées ne sont pas seulement un moyen pour rechercher la vérité. Ils sont aussi l’expression d’intérêts contrastants. Les divergences de conceptions et de lignes dans le parti ne sont pas seulement le résultat de la progression de connaissances (contraste entre vérité et faux ) et du développement de nouvelles situations (contraste entre nouveau et vieux, entre avancé et arriéré). Elles sont aussi le résultat de la lutte entre la classe ouvrière qui avance vers le socialisme et la bourgeoisie qui cherche de perpétuer le plus longtemps possible son vieux monde. Elles sont le reflet des intérêts antagonistes des deux classes en lutte pour le pouvoir. Les idées sont une armes dans la lutte. Une fois devenues patrimoine des masses, les idées deviennent une forces matérielle qui transforme le monde. Une orientation erronée emmène le parti communiste à sa défaite. Une orientation juste le mène à la victoire. Donc la conception et l’orientation du parti communiste constituent un camp de la lutte entre les deux classes, un terrain disputé : justement parce qu’un parti communiste avec une orientation assez juste est invincible, comme l’expérience de la première grande vague de la révolution prolétarienne a démontré. Pour battre la révolution, la bourgeoisie doit d’abord s’emparer du parti communiste et le dévier. Pour empêcher la révolution, la bourgeoisie doit empêcher la formation d’un parti communiste capable de se donner une orientation assez juste. Voilà pourquoi des conceptions déjà

battues théoriquement plusieurs fois se représentent à nouveau dans le parti, sous des formes à peine changées et parfois dans les mêmes vieilles formes. Voilà pourquoi la bourgeoisie cherche par tous les moyens à influencer les idées des membres du parti. La bourgeoisie impérialiste cherche par tous les moyens et de toutes manières à profiter de toute divergence qui se développe inévitablement dans les rangs du parti, de contacter les dissidents, de les soutenir de toute manière (les fascistes publièrent l’œuvre de Trotski : Histoire de la révolution russe), même seulement d’une manière instrumentale (c’est-à-dire sans partager leur thèse, mais seulement pour rendre antagonistes les divergences dans notre parti). Elle tire parti de l’individualisme (du carriérisme, de la présomption, de la recherche de gloire et d’argent, du désir de revanche) en profitant du fait que dans la société bourgeoise l’individu peut avoir dans tous ces terrains un développement qu’il n’a pas dans le parti. La bourgeoisie tire parti des divergences qui physiologiquement se développent dans le parti. En outre la bourgeoisie tire parti du retard des masses populaires qui évidemment se prolonge partiellement dans le parti. La soumission idéologique et morale des classes opprimées à la classe dominante est naturelle dans une société de classe ("la culture dominante est la culture de la classe dominante") : donc, tant qu’elle existera, la bourgeoisie aura une certaine influence sur les masses populaires et à travers elles dans le parti. Ils n’existent pas des “murailles de Chine” entre les classes et l’influence traverse toutes barrière.

Les tentatives d’empêcher l’influence de la bourgeoisie simplement ou principalement avec des mesures disciplinaires, en étouffant les divergences, en maintenant des divergences resserrées dans le cercle des dirigeants du parti et en montrant à l’extérieur un mur compact, ou avec les commissions de contrôle, à la longue se sont montrés inefficaces. Les tentatives d’assurer la cohésion idéologique et politique du parti par la discipline organisationnelle, soit elles font faillite, soit elles portent le parti à la sclérose et tôt ou tard à la désintégration. La bourgeoisie a compris et aussi exploité les divergences dans le parti même quand celles-ci étaient interdites et donc cachées (l’histoire du PCI et d’autres partis communistes présente beaucoup de cas de ce genre). L’interdiction des divergences a favorisé la transformation des divergences en conspiration. Dans la plus grande partie des partis communistes de la première International Communiste la bourgeoisie s’est emparée de la direction du parti, et après ça sa tâche a été

rendue plus facile par l’habitude établie dans le parti d’étouffer les divergences ou les maintenir resserrées dans le cercle de dirigeants. Elle a imposé au parti sa ligne par des mesures disciplinaires jusqu’à le corrompre et en provoquer la désagrégation. La gauche a été paralysée par le refus dogmatique de la lutte entre les deux lignes dans le parti.

Il est inévitable que dans le parti communiste la contradiction de classe (l’influence de la bourgeoisie et la lutte contre elle) se combine avec la contradiction entre le vrai et le faux et avec la contradiction entre l’avancé et l’arriéré (le nouveau et le vieux). Mais il n’y a pas d’autre manière pour traiter ces contradictions que le débat ouvert, la lutte idéologique active, la recherche et la vérification dans la pratique. Agir autrement veut dire empêcher le développement du parti, empêcher qu’il accomplisse son devoir et ouvrir des canaux encore plus larges à l’influence de la bourgeoisie.

Nous devons combattre l’infiltration de la bourgeoisie et son influence dans nos rangs avec une série d’instruments : l’engagement d’honneur des membres du parti et de toutes ses organisations à respecter et favoriser la discussion et la vérification des idées et à ne pas accepter d’appuis (instrumentales ou non) de la bourgeoisie à des membres ou à des groupes d’opinion (revus, cercles, centres d’étude, etc.) du parti ; la lutte politique et idéologique ouverte ; la lutte de masse contre les espions, les infiltrée, les agents de liaison ; etc. Mais nous ne devons pas interdire en général ni même 

décourager l’expression des idées et leur discussion ouverte. Au contraire nous devons la favoriser avec des initiatives et mesures appropriées. Le parti a besoin d’avoir une connaissance très développée. Si on ne pratique pas une ligne consciemment et en connaissance de cause, on pratique une ligne inconsciemment. Et alors soit le retard, soit l’influence de la bourgeoisie ont un terrain favorable. Si elle mène une bataille juste, la gauche peut toujours se servir de l’expérience de classe des membres du parti pour faire prévaloir ses vues.

Nous ne nous libérons pas de l’influence de la bourgeoisie en éliminant la discussion ouverte parmi nous et en interdisant l’opposition par le statut. Seulement la lutte entre les deux lignes assure la cohésion idéologique et politique. Plus le parti est conscient que l’influence de la bourgeoisie dans ses rangs est inévitable, plus il est entraîné à établir l’origine de classe des idées et à rechercher pour toute idée de quelle classe elle reflète les intérêts et les méthodes, et plus il est apte à repousser l’influence de la bourgeoisie et à renforcer de cette manière sa cohésion idéologique et politique. Tout parti doit combiner donc le principe de la lutte entre les deux lignes avec le principe du centralisme démocratique.

La lutte entre les deux lignes a toujours existé dans les partis communistes. Si nous parcourons l’histoire de la Ligue des communistes (1847-1850) et de la Premier Internationale (1864-1872), nous pouvons reconstruire la succession de luttes entre les deux lignes qui en ont marqué leur développement. Dans la Seconde Internationale les luttes entre les deux lignes ont été nombreuses, mais elles ont été conduites sans conscience du caractère de classe des lignes contradictoires (comme si les idées étaient au-dessus des classes) et avec esprit conciliateur. L’histoire du parti de Lénine est une succession de luttes entre deux lignes : la

Histoire du Parti communiste (bolchevique) de l’URSS écrite sous la direction de Staline (1938) illustre ces luttes de manière vivante. Lénine et Staline ont été des maîtres dans la recherche de la signification de classe de conceptions et des lignes qui se heurtaient dans le parti. Cependant dans l’IC on ne reconnaissait pas la loi que la lutte entre les deux lignes dans le parti est inévitable. Des tentatives de tenir lointaine l’influence de la bourgeoisie avec des mesures disciplinaires furent largement déployées. Ces mesures disciplinaires ont entravé le développement de plusieurs partis et en définitive elles n’ont pas empêché l’influence de la bourgeoisie. Les porteurs de l’influence de la bourgeoisie dans les partis communistes se sont souvent alliés aux dogmatiques en soutenant que dans le parti l’influence de la bourgeoisie avait

été éliminée à cent pour cent et pour toujours, définitivement. De cette façon ils pouvaient mener leurs travail de sape dans des conditions plus favorable.

 Mao Tse-tung a développé assez en détail la conception de la lutte entre les deux lignes dans le parti. Aussi pour cet aspect il est indispensable que les nouveaux partis communistes assimilent le maoïsme et qu’ils soient marxiste-léniniste-maoïstes.

 

À la conclusion de cette illustration des cinq contributions de Mao Tse-tung à la pensée communiste, les plus importantes pour notre orientation dans cette phase, je crois utile de rappeler, bien que ce soit évident, que l’étude du maoïsme, et en général l’étude du marxisme-léninisme-maoïsme, ne suffit pas en soi à faire un communiste, comme l’étude d’un manuel de chimie, même d’un manuel excellent, ne suffit pas à

faire un brillant chimiste. L’étude du maoïsme servira à celui qui cherche une voie pour la révolution socialiste, en supposant qu’il soit capable de l’assimiler et de l’appliquer à la pratique et aux caractéristiques spécifiques du mouvement révolutionnaire de notre pays.

 Nicola P.

























Edizioni in Lingue Estere (EiLE)

Section française

http://lavoce-npci.samizdat.net



























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1Staline, Principes du léninisme (1924), Introduction.

2Pareils “maoïstes” ont fleuris surtout dans les années ‘70, mais ils en existe toujours. Sur la vague de l’enthousiasme pour le socialisme qui pénétra des couches et des classes différentes dans ces années, dans cette école se sont réunispas seulement des communistes enthousiastes, mais un peu naïfs, mais aussi des gens (en particulier provenants du monde catholique et des universités) dépourvus de liens avec le vieux mouvement communiste et même des opposants actifs du vieux mouvement communiste, des anti soviètiques (des membres de groupes socialistes comme celui de Quaderni Rossi, des intellectuels et des étudiants formés dans des milieux de droite comme par exemple Jeunesse Etudiantes (GS) et Jeunes Travailleurs (GL) de don Giussani, etc.). J’indique cette observation parce qu’ils n’ont pas manqué et ne manqueront pas, parmi ceux qui s’opposent au marxisme-léninisme-maoïsme, des gens qui, en bonne ou mauvaise foi, plutôt qu’affronter les argumentations exposées ici, trichent en jouant sur les mots de “maoïstes”

et se révoltent contre “la tentative des maoïstes de renier ou réviser le marxisme-léninisme.” Je met en garde les lecteurs à ne pas tomber dans des pièges pareils

3Il est probable que les perplexités de certains lecteurs ne soient pas toutes dissoutes par les argumentations de cet article. Cela est compréhensible. La valeur d’une conception en définitive on peut la vérifier en la soumettant à

l’épreuve de la pratique, en l’appliquant. Aux argumentations exposées ici il est facile d’opposer l’objection que “cependant les disciples de Mao n’ont pas réussi à empêcher l’avènement des révisionnistes ni même dans le Parti communiste chinois.” À cette objection, s’ils s’occupaient sérieusement de la théorie, devraient effectivement donner une réponse ceux qui (comme par exemple Rossoperaio) proclament que le maoïsme est la troisième étape supérieure de la pensée communiste alors qu’en même temps ils soutiennent que les pays coloniaux ou semi-coloniaux peuvent jouer le rôle de centre de la révolution prolétarienne, et donc ils refusent la simple vérité que, malgré le maoïsme, la RPC n’était pas apte à être le centre mondial de la révolution prolétarienne.

J’invite donc les lecteurs à “faire la preuve par la pratique” et à répondre eux mêmes aux trois suivantes questions :

1. Pourquoi dans une certaine phase le révisionnisme moderne a pris la direction de presque tous les partis communistes créés par la première IC, et les a corrodés jusqu’à les transformer en leur contraire (en promoteurs de la restauration pacifique et graduelle du capitalisme) et à les détruire? 2. Quelles ont été les limitations de la gauche de ces partis communistes à cause desquelles elle n’a pas réussi à empêcher le succès du révisionnisme moderne? 3. Quelles sont les principaux enseignements qu’ils tirent de l’expérience de la première grande vague de la révolution prolétarienne et dont nous devons profiter dans la reconstruction des partis communistes et dans la préparation, promotion et direction de la seconde grande vague de la révolution prolétarienne?

Il est évident que quiconque veut avoir un rôle d’avant-garde dans la reconstruction du parti communiste doit répondre à ces trois questions. Tous ceux qui chercheront à y répondre trouveront dans le maoïsme la bonne théorie pour arriver à des réponses fécondes. Et de cette manière ils vérifieront que le maoïsme est la troisième étape supérieure de la pensée communiste.

4Pour une revue plus vaste et plus large des contributions de Mao à la pensée communiste, voir les trois sources suivantes :

- L’article Pour le marxisme-léninisme-maoïsme. Pour le maoïsme, dans Rapports Sociaux, N°

9/10 page 7 et suivantes (septembre 1991). Là sont illustrées 10 contributions de Mao relatives aux sujets suivants: l’analyse des classes dans lesquelles est divisée la société, la situation révolutionnaire en développement, la théorie de la connaissance et la méthode de travail du parti, les méthodes de direction du parti communiste dans la guerre révolutionnaire, l’attitude envers l’ennemi, le peuple comme camp des forces non hostiles à la révolution, la société

socialiste, le révisionnisme moderne dans les pays socialistes, le révisionnisme moderne dans les pays impérialistes, le matérialisme dialectique.

- La brochure A propos du maoïsme, troisième étape de la pensée communiste, Editions Rapports Sociaux (1993). Dans cette brochure sont illustrées en détail 5 contributions (la théorie du processus révolutionnaire comme théorie de la contradiction force motrice du processus, la lutte de classe dans la société socialiste, la situation révolutionnaire en développement, le front uni des classes et des peuples révolutionnaires, la ligne de masse comme méthode principale de travail et de direction du parti communiste) et sont indiquées 17 autres contributions et précisément : 2 dans le domaine de la philosophie (la théorie de la contradiction et la théorie de la connaissance), 3 dans le domaine de l’économie politique (le capitalisme bureaucratique, les pays semi-coloniaux et semi-féodaux, l’économie politique du socialisme) et 12 dans le domaine du socialisme (l’analyse des classes dans la société

bourgeoise, la situation révolutionnaire en développement, les révolutions de nouvelle démocratie, le front uni des classes révolutionnaires sous la direction de la classe ouvrière, la distinction de la contradiction entre nous et l’ennemi et des contradictions au sein du peuple [contradictions antagonistes et contradictions non antagonistes], la guerre populaire révolutionnaire de longue durée comme forme universelle de la révolution prolétarienne, la théorie militaire du prolétariat, la lutte entre les deux lignes comme loi du développement du parti communiste, la ligne de masse comme méthode principale de travail et de direction du parti communiste, la théorie de la lutte entre les classes dans le socialisme, l’analyse des classes dans la société

socialiste ( où est la bourgeoisie dans les pays socialistes : les trois aspects des rapports de production, le second aspect et l’État ), les sources du révisionnisme moderne, la révolution culturelle prolétarienne).

5J’entends ici la spontanéité, non le spontanéisme. La première est la condition initiale positive de croissance : tout individu fait premièrement grosso modo ce que d’autres font déjà. Après il commence à

penser comment il peut faire mieux ce qu’il est déjà en train de faire, et qu’est-ce qu’il peut faire de mieux. Alors il sort de la spontanéité et il commence à agir de plus en plus consciemment et en connaissance de cause.

Par contre le spontanéisme est la théorie selon laquelle on doit rester figé au stade primitif (faire ce qu’on est habitué à faire, ce qui arrive de faire au hasard, ne pas élaborer une science dans le domaine où on opère, ne pas chercher à prévoir les circonstances de la lutte, de tracer des plans, de faire des projets, de créer des conditions plus favorables, de tisser des alliances, de trouver les voies les plus convenables, etc.), soit le comportement de qui ne veut pas réfléchir, ne veut pas employer sa matière grise dans la lutte, mais seulement agir.

6CARC, F. Engels. 10, 100, 1000 CARC pour la reconstruction du parti communiste , (1995) page. 14.

7 Dans la lettre du 8 mars 1895 à Richard Fischer dans laquelle il défend son Introduction à Luttes de classe en France de 1848 à 1850 face à la censure des dirigeants du parti en Allemagne, Engels écrit: “Si vous ne voulez pas faire comprendre à ceux du gouvernement ce que nous attendons [pour déchaîner une révolution] seulement parce que nous ne sommes pas encore assez forts pour la faire tout seuls et parce que l’armée n’est pas encore radicalement infectée [par nos idées], alors, mes chers, pourquoi vous vous vantez chaque jour sur les journaux des progrès gigantesques et des succès du parti ? Ceux-là savent bien que nous sommes en train de marcher avec force vers la victoire, que dans quelques années ils n’arriverons plus à nous opposer une résistance efficace. Voilà pourquoi ils veulent se défaire de nous maintenant, seulement ils ne savent pas comment le faire. Nos discours n’y changent rien. Ils connaissent ces choses aussi bien que nous. Ils savent bien que dès que nous aurons pris le pouvoir, nous l’utiliserons comme bon il nous convient ... Légalité jusqu’au moment et dans la mesure qui nous convient, mais aucune légalité à tout prix, pas même dans la propagande.” (F. Engels, Oeuvres complètes vol. 50).

8L’article L’activité de la première Internationale Communiste en Europe et le maoïsme dans La Voce N°10 est un complément nécessaire de cet article.

9La sous-estimation des potentialités révolutionnaires de la classe ouvrière, du prolétariat et des masses populaires des pays impérialistes caractérise la conception de plusieurs forces subjectives de la révolution socialiste (FRSF). Par exemple voir les positions exprimées par Il Futuro (organe de la mouvance MPA, actuellement ANA). Selon ses camarades la classe ouvrière des pays impérialistes, à cause des conquêtes qu’elle a arrachées à la bourgeoisie, constituerait une énorme aristocratie ouvrière (voir Rapports Sociaux, N° 23/24 D’abord faire le ménage dans notre tête!).

Un autre exemple est la position de Rossoperaio (voir le Communiqué Opposer à la “guerre globale” de l’impérialisme la guerre populaire jusqu’au communisme publié en Rossoperaio N° 12, octobre 2001). En analysant les attentats du mardi le 11 septembre à Washington et New York et leurs effets, ces camarades ne voient pas que les vraies cibles des groupes impérialistes sont les masses populaires des pays impérialistes. Cette position s’entrelace avec la thèse que la contradiction principale aujourd’hui dans le monde est celle entre pays opprimés et pays impérialistes. Thèse inconciliable, pour celui qui réfléchit au fond sur les problèmes, avec la thèse que le maoïsme est la troisième étape supérieure de la pensée communiste, bien que Rossoperaio dit partager cette thèse.

Ces conceptions sont empiristes dans le sens précis quelles se basent sur le nombre de luttes et sur le type de luttes faites aujourd’hui par la classe ouvrière des pays impérialistes, elles n’éclaircissent pas ces données, elles ne montrent pas l’origine et les contradictions de la situation présente. Moins encore elles n’indiquent quoi faire à partir de la situation actuelle et de ses potentialités.

10A propos de cela voir La forme de la révolution prolétarienne dans La Voce  N° 1, page 23 et suivantes . Le PCE(r) est arrivé lui aussi à

cette conclusion dans son bilan de l’histoire de la section espagnole de l’IC. Ce bilan a été publié en Italie par les Editions Rapports Sociaux avec le titre La Guerra di Spagna, il PCE e l’Internazionale Comunista (1997).

11Les militants des organisations communistes combattantes (OCC) soutiennent que la lutte pour les intérêts spécifiques et immédiats éloigne (dévie, ndt) les masses de la révolution . Par contre nous communistes soutenons : 1. qu’au cours de la crise générale du capitalisme la bourgeoisie impérialiste nuit aux intérêts spécifiques et immédiats de toutes les classes des masses populaires , bien que dans une mesure et des circonstances différentes ; 2. que la classe ouvrière doit mobiliser, promouvoir, appuyer et diriger tout groupe et toute classe des masses populaires afin qu’il lutte aussi pour ses intérêts spécifiques et immédiats contre la bourgeoisie impérialiste : en effet justement cette lutte peut mobiliser sur une grande échelles aussi les couches les plus arriérées des masses et peut les entraîner dans la lutte dirigée par les communistes et visant à l’instauration de la dictature du prolétariat. Si le parti n’agit pas ainsi, il laisse la voie ouverte à

la mobilisation réactionnaire des masses populaires.

12Il ne s’agit pas principalement d’amener les ouvriers à partager les idées de leur avant-garde communiste et à proclamer ses objectifs. Il s’agit principalement d’amener les ouvriers à lutter pour les objectifs et selon les lignes indiquées par son avant-garde.

13La thèse soutenue par certaines forces subjectives (FSRS) selon laquelle si les masses sont radicalisées, il y a du travail à faire par nous les communistes; si par contre les masses ne sont pas radicalisées, il n’y aurais rien à faire pour les communiste est tout à fait erronée.

14Ce sont les conditions qui décident lequel des deux contraires, l’unité ou la lutte, est dans chaque circonstance le principal. Le parti peut diriger soit des forces alliées soit des forces qui lui sont hostiles, si seulement il connaît les lois des contradictions objectives auxquelles les forces hostiles, de par leur nature, doivent obéir. Mao a maintes fois illustré comment le parti communiste a poussé les armées hostiles à se fourrer dans un piège.

15La thèse que dans les pays coloniaux et semicoloniaux il y à eu une régression absolue relativement “au passé”, peut être soutenue seulement par ceux qui ignorent, occultent ou embellissent les infamies de l’économie naturelle, des sociétés esclavagistes et féodales et du vieux colonialisme, ou bien ils généralisent arbitrairement des phénomènes et des cas spéciaux, limités à certaines zones, à des périodes relativement brèves, à des secteurs relativement restreints.

16Nous rappelons les révolutions en Chine, au Mexique, en Perse, à l’Afghanistan, en Turquie, au Soudan et en d’autres pays coloniaux et semicoloniaux qui au début du XX- ième siècle ont contribué à préparer la première grande vague de la révolution prolétarienne.

17Rapport sur la question russe, présenté le 7 décembre 1926 par Staline à la VII-ième réunion plénière du bureau élargi de l’IC.

18Rapports Sociaux N° 11 (novembre 1991), Sur l’expérience historique des pays socialistes.

19SN des CARC, Projet de Manifeste Programme, page 45 et suivantes.

20Rapports Sociaux. 8 (novembre 1990), La restauration du capitalisme en Union Soviétique.

21On peut mieux apprécier l’importance de l’alarme lancé par Mao si on considère que, au contraire, Enver Hoxa, malgré son défense tenace des positions révolutionnaires contre les révisionnistes modernes, n’a pas montré d’avoir, ni même aux débuts des années 80s, des doutes à propos du renversement du socialisme qui se préparait en Albanie.

22Rapports Sociaux N°11 (novembre 1991), Ligne de masse et théorie marxiste de la connaissance et Rapports Sociaux N° 12/13 (novembre 1992), La ligne de masse.

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La Huitième Ligne de Démarcation