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(nouveau)Parti Communiste Italien
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(de La Voce n. 17, Juillet 2004)

(nuovo)Partito comunista italiano

Commissione Provvisoria (CP) del Comitato Centrale

email lavocenpci40@yahoo.com

delegazione della CP del CC BP3 4, rue Lénine 93451 L’Île St Denis

 


(traduction approuvé par la CP)

Il est nécessaire de distinguer les lois universelles et les lois particulières de la guerre révolutionnaire populaire de longue durée
(de La Voce n. 17, Juillet 2004)

Notes Manchettes

 

Dans un nombre croissant de partis et d’organisations communistes, d’un bout à l’autre du monde, la stratégie de guerre révolutionnaire populaire de longue durée est consciemment adoptée pour guider la révolution socialiste ou la révolution de nouvelle démocratie.

La situation révolutionnaire se développe dans tous les pays et au niveau international, bien que de façon inégale. La bourgeoisie impérialiste conduit, contre les masses populaires de tous les coins du monde, une guerre d’extermination non déclarée qui frappe directement et brutalement des centaines de millions d’hommes et de femmes. Dans ce contexte, des milliers de communistes s’interrogent sur la voie à suivre pour amener les masses populaires à faire front efficacement à la bourgeoisie impérialiste, à en finir avec l’ordre actuel de la société, à instaurer le socialisme. L’héritage de la première vague de la révolution prolétarienne est un facteur important qui exerce de mille façons son influence. Un nombre croissant de communistes empruntent ainsi la voie de la guerre révolutionnaire populaire de longue durée (GRP de LD).

La théorie de la GRP de LD est un des apports principaux de Mao à la théorie communiste (voir à ce propos La Voce n.10 L’octave ligne de démarcation p.56 et suiv. et La Voce n.12 p.56). L’adoption de la GRP de LD comme stratégie universelle pour la révolution prolétarienne, que ce soit pour la révolution socialiste dans les pays impérialistes ou que ce soit pour la révolution de nouvelle démocratie dans les pays semi-féodaux et semi-coloniaux, s’impose à travers une lutte idéologique acharnée pour l’adoption du marxisme-léninisme-maoïsme comme base idéologique des nouveaux partis communistes. Dans cette lutte les communistes règlent les comptes avec les révisionnistes modernes qui sont apparus dans les années ’50, mais encore plus spécifiquement ils règlent les comptes avec les dogmatiques qui ont, durant des années, limité le développement du mouvement anti-révisionniste des marxistes-léninistes né dans les années ’60. En fait, dans le mouvement m-l, une lutte longue et tortueuse s’est déroulée pour l’adoption du maoïsme. Certains compagnons ou organisations, de façon innocente ou malhonnête, le cachent : ils présentent l’adoption de la dénomination marxisme-léninisme-maoïsme comme un simple changement de dénomination qui est appliqué à un contenu qui reste égal, issu des années ’60 et ’70.

Le Comité du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI) a, en 1998, réédité la Déclaration constitutive de 1984, remplaçant dans le texte m-l par m-l-m : changer l’étiquette est une façon de ne pas changer la vieille marchandise. Pendant de nombreuses années les marxistes-léninistes ont conçu la lutte contre le révisionnisme moderne substantiellement comme une restauration des principes (conquête révolutionnaire du pouvoir, direction de la classe ouvrière, dictature du prolétariat) que les révisionnistes modernes avaient déclarés dépassés. Ils ne comprenaient pas que le révisionnisme moderne était parvenu à s’imposer dans le mouvement communiste (la droite avait dépassé la gauche) grâce aux limites de la gauche dans le vieux mouvement communiste. Il s’agissait des mêmes limites qui avaient fait que la première vague de la révolution prolétarienne n’était pas parvenue à instaurer le socialisme dans aucun pays impérialiste. Le maoïsme est, synthétiquement, le dépassement de ces limites. Encore aujourd’hui dans le mouvement communiste il existe des partis qui se déclarent marxistes-léninistes dans le sens qu’ils ignorent le maoïsme ou qu’ils s’opposent à l’adoption du maoïsme comme troisième étape supérieure de la pensée communiste. Mais il existe aussi des partis qui se déclarent marxistes-léninistes-maoïstes tout en atténuant l’apport universel à la pensée communiste constitué par le maoïsme, arborant le m-l-m comme une nouvelle étiquette, mais n’ayant jamais indiqué clairement quels sont les principaux apports universels du maoïsme à la pensée communiste (de la façon dont Staline, au contraire de ceux-ci, indiqua les principaux apports de Lénine à la théorie communiste dans Principes du Léninisme, 1924). Pour cela il faut rendre hommage au Parti communiste du Pérou et à son dirigeant, le président Gonzalo qui est depuis 1992 aux mains des complices péruviens de l’impérialisme, d’avoir fortement contribué à affermir dans le monde entier la thèse selon laquelle le maoïsme est la troisième étape supérieure de la pensée communiste et à montrer les apports nouveaux qu’il donne au mouvement communiste.

La lutte autour de la stratégie révolutionnaire est aussi, en définitive, la lutte sur le bilan de la première vague de la révolution prolétarienne. Dans cette lutte, les communistes se distinguent toujours plus nettement que ce soit des révisionnistes-opportunistes de droite (d’une façon ou d’une autre, soutenant plus ou moins ouvertement la « voie pacifique et démocratique vers le socialisme ») et des communistes dogmatiques (soutenant de façon plus ou moins convaincue le travail légaliste aujourd’hui en vue d’une insurrection demain). Il y a pourtant un proverbe qui dit : « Dieu me protège de mes amis, moi je me protège de mes ennemis ». De la même façon, dans la lutte à propos de la GRP de LD, outre les révisionnistes-opportunistes de droite et les communistes dogmatiques qui s’opposent tous deux ouvertement à la GRP de LD, il existe un troisième courant qui ne nuit pas peu à la cause de l’adoption de la GRP de LD comme stratégie universelle de la révolution prolétarienne. Il est constitué des partisans de la GRP de LD qui ne distinguent pas les lois universelles de la GRP de LD et les lois particulières de la GRP de LD spécifiques à chaque pays isolément, liées à ses conditions spécifiques : les dogmatiques de la GRP de LD. Donc ceux qui luttent pour faire valoir la GRP de LD comme stratégie universelle de la révolution prolétarienne et ceux qui veulent l’adopter pour faire la révolution dans leur propre pays, et parmi ces derniers, nous, communistes italiens, nous avons à faire à trois fronts de lutte idéologique : 1. les révisionnistes-opportunistes de droite, 2. les communistes dogmatiques de l’insurrection, 3. les communistes dogmatiques de la GRP de LD qui ne font pas de distinction entre le général et le particulier.

1. Les révisionnistes-opportunistes de droite continuent la tradition des révisionnistes modernes, bien que la pratique a désormais démontré le caractère bourgeois et erroné de leurs conceptions et de leurs lignes. Les facteurs qui les rendent politiquement importants, leurs points forts, sont au nombre de deux : 1. le soutien de la bourgeoisie et 2. l’opportunisme innocent et spontané de la partie des masses populaire qui est à peine entrée dans la lutte politique et est encore influencée idéologiquement par la bourgeoisie, qui croit encore qu’il est possible de réformer la société bourgeoise plutôt que de la renverser. Quant à l’influence de la bourgeoisie, il est impossible de l’éliminer une fois pour toutes tant qu’existera la bourgeoisie. Il est donc nécessaire de la combattre constamment, de la contenir, de la repousser avec des initiatives appropriées aux diverses situations : le démasquage, la dénonciation, la réfutation, l’expulsion de nos rangs de ses colporteurs irréductibles et des infiltrés. Aussi bien par la lutte idéologique que par la propagande et les mesures d’organisation. Quant à l’opportunisme innocent et spontané d’une partie des masses populaires, la voie principale pour le décourager est l’expérience pratique directe de ces masses populaires assistées par le parti. D’une part il est nécessaire d’indiquer clairement la voie de la lutte révolutionnaire et de la pratiquer. Le parti doit arborer, diffuser et pratiquer sa lutte avancée : sans cela, l’expérience n’amènera pas d’elle-même à un progrès. D’autre part le parti ne doit pas non plus se détacher de cette partie arriérée des masses. Au contraire il doit la guider à travers ses expériences pratiques de lutte et d’organisation. Dans ce cas la défaite est le préalable de la victoire, si les communistes indiquent la voie juste. Nous, communistes, ne devons pas abandonner les masses arriérées à la bourgeoisie, ne pas laisser ses prêtres et ses agents réformistes les organiser. Nous devons prendre nous-mêmes en main leur mobilisation, aussi modestes que soient leurs objectifs, et les porter d’expérience en expérience à finalement adhérer à la révolution. La lutte et sa défaite leur apprendront, et ce de façon particulièrement rapide et efficace aux membres des classes les plus opprimées et exploitées, et ce d’autant plus efficacement que nous, communistes, serons présents et actifs, qu’il est impossible d’améliorer la société bourgeoise et d’amener gentiment la bourgeoisie à respecter les intérêts et surtout les droits déjà acquis par les masses populaires. L’arriération des masses n’est jamais pour le parti une bonne justification à son absence : un parti est tellement plus avancé lorsqu’il est capable de mobiliser et d’amener également à la révolution les masses les plus arriérées (ligne de masse).

2. Quant aux communistes dogmatiques de l’insurrection, ils n’auront plus jamais un rôle important parmi les masses populaires. Toutefois ils détournent encore un certain nombre de communistes de la révolution parce qu’ils ont eu une grande importance politique (négative) jusqu’aux années ’70. A ce moment ils englobaient une grande partie de la gauche des vieux partis communistes : cette gauche qui justement par son dogmatisme n’a pas su faire front aux révisionnistes modernes et empêcher qu’ils prennent la direction des partis communistes respectifs. Ceux-ci étaient favorables à la révolution, ils étaient des révolutionnaires sincères, mais ils ne comprenaient pas les leçons que la pratique du mouvement communiste donnait à tous les communistes. Leur anti-révisionnisme dogmatique a grandement nui au mouvement marxiste-léniniste, duquel certains d’entre eux faisaient partie. La rupture avec leur dogmatisme est l’affirmation du maoïsme comme troisième étape supérieure de la pensée communiste. La contradiction entre les maoïstes et ces dogmatiques fut et est encore surtout une contradiction entre l’ancien et le nouveau, entre le vrai et le faux. Ce n’est pas directement une contradiction de classe, bien que la bourgeoisie soutient les dogmatiques faute de mieux pour entraver les vrais communistes. Quant à la stratégie révolutionnaire, ceux-ci et leurs épigones n’ont pas reçu la leçon qu’Engels avait déjà comprise de l’expérience du mouvement communiste et en particulier de la Commune de Paris (1871) et qu’il a synthétisé dans l’Introduction de 1895 de la réédition de l’opuscule de Marx La lutte des classes en France 1848-1850 (voir à ce propos la brochure CARC, F. Engels : 10, 100, 1000 CARC pour la reconstruction du parti communiste). Ils n’ont donc pas une vision dialectique de la révolution. Systématiquement, ils divisent une par une les différentes phases de la révolution, ils n’aperçoivent pas leurs connexions. Ils ne voient pas qu’une phase passe dans l’autre et encore moins ils voient comment elle passe. Ils ne voient donc pas qu’il faut conduire chaque phase de façon qu’à un certain moment elle se transforme en la suivante. Ainsi chaque phase est dès le début « marquée » par son destin. Selon eux, inversement, le passage d’une phase à la suivante « tombe du ciel », advient par hasard, ou alors arrive par une décision arbitraire et subjective. Il manque en somme dans leur conception le passage d’une phase à l’autre par le développement quantitatif de la première jusqu’au saut de qualité que ce même développement quantitatif détermine. Beaucoup d’entre eux attendent l’insurrection (attentisme). Les autres s’inscrivent dans des initiatives aventuristes (militarisme ou putchisme).

Selon eux l’accumulation des forces révolutionnaires devrait être le fruit d’un travail conduit complètement dans la légalité, dans les limites de l’ordre et sous la férule de la bourgeoisie. A moins que la bourgeoisie elle-même interdise le parti communiste. Et ici déjà la faiblesse de leur raisonnement est évidente. C’est peut-être par hasard que la bourgeoisie dans de nombreux pays au siècle passé a interdit les partis communistes ? Quelles origines a ce fait, et quelles leçons en tirent-ils ? N’est-ce pas inévitable, pour la même raison, qu’elle les interdira encore ou qu’elle entrave leur construction, à moins qu’ils se plient à ses conditions ? Que fait le parti communiste quand la bourgeoisie l’interdit ? Ne convient-il pas à la cause du communisme que le parti précède la décision de la bourgeoisie ? Les travailleurs avancés sont-ils si stupides qu’ils ne comprennent pas qu’il est juste que le parti communiste précède la bourgeoisie ? Les partis communistes italien et allemand ont-ils eu une ligne juste en se conduisant de façon à ce que leurs secrétaires respectifs (Antonio Gramsci en 1926 et Ernst Thälmann en 1933) soient arrêtés puis éliminés ? Est-ce un hasard si aucune révolution socialiste victorieuse n’est jamais arrivée de la façon dont, selon eux, devrait se dérouler chaque révolution socialiste, bien que de nombreux partis de la première Internationale Communiste ont cherché à suivre la ligne qu’ils proposent encore aujourd’hui ? Les dogmatiques ne donnent naturellement pas de réponse à ces questions. Si ils les cherchaient, ils cesseraient d’être dogmatiques.

Ils se distinguent en général des révisionnistes-opportunistes par la conception qu’ils professent ou par la propagande qu’ils font, par les mots d’ordre qu’ils agitent. Ils se distinguent donc sur le terrain subjectif, idéaliste des aspirations. Mais sur le terrain de l’action les dogmatiques se distinguent des révisionnistes-opportunistes seulement, dans le meilleur des cas mais pas systématiquement, par la radicalité des objectifs et des méthodes de lutte : ils sont moins accommodants avec la bourgeoisie et tirent plus sur la corde. Ce n’est pas un hasard néanmoins si dans le passé Pietro Secchia a pu cohabiter jusqu’à la fin de ses jours (1973) dans la même pratique que Giorgio Amendola et Palmiro Togliatti. A la différence (mais pas toujours) des révisionnistes-opportunistes, certains d’entre d’eux élèvent au rang de principe révolutionnaire le refus de guider les masses populaires à intervenir dans les élections, dans les activités parlementaires et en général dans l’activité politique de la bourgeoisie (abstentionnisme). Avec cela, et d’autres mots d’ordre extrémistes, ils cherchent à se distinguer des révisionnistes-opportunistes de droite.

Quant au passage à la phase suivante, à l’insurrection, certains d’entre eux racontent que « tôt ou tard » il y aura une explosion du mouvement de masse (une insurrection) et ils tombent dans l’attentisme. D’autres rêvent de la provoquer eux-mêmes avec une initiative insurrectionnelle. Ceux-là considèrent comme une bible le pénible livre L’insurrection de Neuberg, rédigé par une commission de l’Armée Rouge soviétique sur commande de la première Internationale Communiste. Ce livre décrit une série de tentatives de coups de force et d’initiatives insurrectionnelles ratées. Certaines tentatives, aux dires des mêmes auteurs du livre, ont raté pour des motifs banals. Mais en réalité cela confirme combien leur protagonistes étaient séparés du mouvement de masse. Ceux-ci ne considèrent pas l’insurrection dans le rôle qu’elle a eu dans les révolutions prolétariennes victorieuses : un mouvement dans une guerre plus vaste. Ils l’isolent de ce qui vient avant et après, et l’attribuent ainsi à la spontanéité des masses (l’explosion de leur mécontentement) ou à l’une ou l’autre initiative plus ou moins bien trouvée du parti communiste ou de ses chefs géniaux, laquelle dépendrait d’une certaine façon, comme ose l’écrire Neuberg, de la ponctualité des opérateurs, de la synchronisation des horloges, de l’observance rigoureuse du secret et d’autres accidents du même ordre. Il est clair pour toute personne qui réfléchit que la réussite d’une seule opération concrète de tactique militaire dépend certainement de facteurs comme ceux indiqués. Mais c’est battre la campagne de soutenir que le développement d’un mouvement révolutionnaire, qui par sa nature a comme protagoniste les larges masses, dépend d’une seule opération tactique. Pensons à l’insurrection d’Octobre (1917) : deux importants dirigeants bolcheviks (Kamenev et Zinoviev) avaient publiquement dénoncé les préparatifs de l’insurrection, mais l’insurrection a quand même eu lieu et avec succès. Pensons aussi à la Résistance : si une ou plusieurs opérations militaires auraient échoué, même parmi les opérations du début, aurait-elle échoué ? En réalité plusieurs opérations militaires ponctuelles ont échoué, mais la Résistance s’est néanmoins développée. En conclusion, les dogmatiques ne comprennent pas que c’est le juste travail actuel des communistes qui, croissant quantitativement, quand il arrive à un certain niveau de développement, détermine et doit déterminer un saut de qualité, l’entrée dans une nouvelle phase. Si le parti refuse d’accomplir le saut, le travail déjà effectué dégénère aussi : c’est justement ce qui est plusieurs fois arrivé dans le cours de la première vague de la révolution prolétarienne, justement parce que beaucoup de partis communistes ne partageaient pas la théorie de la GRP de LD. Quand le saut qualitatif advient ou est prêt, en général les dogmatiques ne sont en fait pas préparés, ils sont pris à l’improviste, ils ne savent pas quoi faire, ils se dispersent entre plusieurs solutions.

3. Quant aux dogmatiques qui ne distinguent pas l’universel du particulier, ceux-là constituent aujourd’hui un des pôles de la contradiction dans le mouvement marxiste-léniniste-maoïste. La contradiction divise en particulier le Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI). La conception dogmatique de la GRP de LD est encore aujourd’hui un sérieux obstacle à son application dans les pays impérialistes, étant donné qu’il n’existe pas encore de démonstration pratique de conclusion victorieuse d’une révolution socialiste conduite consciemment comme GRP de LD dans un pays impérialiste. Un exemple pratique s’imposerait aussi aux dogmatiques qui sont sincèrement révolutionnaires. Refusant de combiner les vérités universelles avec les vérités particulières, ceux-là présentent la GRP de LD sous une forme qui est impraticable. Qui tolère de telles conception est soit contraint de se rendre face à l’évidence de l’impossibilité de conduire une telle GRP de LD, soit voué à des tentatives ratées qui sont utilisées par les opposants à la stratégie de la GRP de LD comme « démonstration » que la GRP de LD est impraticable. Certains camarades considèrent dogmatiquement comme universelles les lois que la GRP de LD a suivies avec succès dans leur pays, échangeant ainsi le particulier avec l’universel. L’erreur la plus répandue est de considérer comme universelles, et donc valides également pour les pays impérialistes, les lois de la GRP de LD suivies dans des pays semi-féodaux et semi-coloniaux, de vouloir les suivre aussi dans les pays impérialistes, de ne pas chercher les lois spécifiques de la GRP de LD pour son propre pays. « Chaque vérité est concrète », c’est-à-dire que chaque affirmation est vraie seulement en relation avec des circonstances déterminées de temps et de lieu, avec des conditions déterminées, même lorsque celles-ci ne sont pas spécifiées parce qu’elles sont sous-entendues, implicites dans la situation dans laquelle la vérité a été énoncée. La GRP de LD a été théorisée par Mao Tse-Toung sur la base de l’expérience concrète d’un grand pays semi-féodal et semi-colonial, dominé par des puissances impérialistes qui luttaient entre elles, la Chine. Mao Tse-Toung ne s’est pas occupé de faire une distinction systématique entre les lois universelles de la GRP de LD et les lois spécifiques à la GRP de LD en Chine. (1) De la même façon Lénine ne s’était pas occupé de faire une distinction systématique entre ce qui était universel et ce qui était spécifiquement russe dans la ligne suivie par son parti. Ce dernier a toutefois plusieurs fois déclaré dans le cadre de la première IC, à la création et aux activités de laquelle il a activement participé jusqu’en 1922, que les communistes des autres pays ne devaient pas suivre pied à pied l’expérience russe et que les communistes russes devaient se garder de favoriser ou d’imposer l’imitation de la ligne russe. Staline aussi s’est bien gardé d’imposer à d’autres partis la ligne suivie par le parti soviétique. Ce n’est pas un hasard si les partis de la premières IC ont en pratique suivi des lignes fort différentes entre elles. Il est ainsi nécessaire de relever que dans la première IC on assista à des incertitudes constantes quant à la stratégie générale à suivre, comme je l’ai montré dans l’article L’activité de la Première Internationale Communiste en Europe et le maoïsme publié dans le n°10 de La Voce. La stratégie de la GRP de LD a été pratiquée consciemment par le Parti communiste chinois, mais n’a pas été indiquée ni étudiée comme étant une possible stratégie universelle. C’est seulement à partir de 1968 que le PCC soutint que la pensée de Mao avait aussi une valeur universelle, mais il n’indiqua jamais dans un texte exhaustif quelles étaient les principaux apports nouveaux de Mao à la pensée communiste. Rien de plus facile alors pour les dogmatiques et les démagogues que de soutenir que dans tous les pays la GRP de LD doit suivre les mêmes lois que Mao Tse-toung a énoncé pour la Chine. Leur thèse valorise visiblement et facilite la tâche à ceux qui soutiennent que la révolution socialiste dans les pays impérialistes suit d’autres lois, différentes de celles de la GRP de LD. Il existe aussi des personnages qui ne se préoccupent pas de tracer une ligne spécifique pour leur propre pays, qui ramassent ici et là, en vrais mouvementistes qu’ils sont, quelque pratique en cours et qui, maintenant que c’est à la mode, déclarent démagogiquement la GRP de LD pour se donner une renommée et se présenter comme de grands révolutionnaires sur la scène internationale, dans les congrès et les associations internationales, dans les messages et les communiqués diffusés vers l’extérieur. Ils sont comme ceux (Togliatti, Thorez, etc.) qui, dans l’ancien mouvement communiste, jusqu’en 1956 se réclamaient de Staline et de l’URSS, malgré que, dans la pratique, ils suivaient en leur pays des lignes qui avaient peu ou rien à voir avec les enseignements de Staline et de l’URSS.

Il est important de distinguer nettement les lois universelles de la GRP de LD des lois particulières, propres à un pays ou à un groupe de pays. C’est seulement ainsi que nous conduirons avec succès la lutte idéologique pour que tous les partis communistes adoptent la GRP de LD comme voie de la révolution prolétarienne et que nous étendrons son application pratique et ainsi la renaissance du mouvement communiste qui y est liée. C’est par exemple évident que les paysans n’ont pas dans la GRP de LD des pays impérialistes (où ils forment une petite minorité des travailleurs - de 1 à 3% -, où ils sont entièrement liés à la production mercantile et où ils sont en large mesure dominés par monopoles industriels et commerciaux, où enfin la ville prédomine largement sur la campagne) le même rôle qu’ils ont dans la GRP de LD de pays semi-féodaux où les paysans constituent la grande majorité des travailleurs, et sont dans une grande mesure encore occupés à une agriculture de subsistance, insérés dans des rapports semi-féodaux, où enfin la campagne prédomine ou au moins est peu liée à la ville.

Il y a actuellement deux partis qui dirigent dans leur pays, avec grand succès et sur une longue période, une révolution suivant consciemment la stratégie de la GRP de LD, le Parti communiste du Pérou et le Parti communiste du Népal (maoïste). Ceux-ci soulignent tous deux, comme condition nécessaire pour lancer et conduire avec succès la GRP de LD, s’ajoutant à l’adoption du marxisme-léninisme-maoïsme (soit à l’assimilation des lois universelles de la GRP de LD), l’élaboration d’une conception et d’une ligne basée sur les caractéristiques spécifiques du pays (respectivement « la pensée Gonzalo » et « la voie de Prachanda »). A son tour le Parti communiste maoïste de la Turquie et du Kurdistan septentrional, qui a une riche et longue expérience de GRP de LD, a exprimé de nombreuses considérations justes contre l’application aux pays impérialistes des lois de la GRP de LD spécifiques aux pays semi-féodaux comme lois universelles. Mais, justement par l’absence de distinction entre lois universelles et lois particulières de la GRP de LD, ce dernier en est arrivé à nier en bloc la validité de la GRP de LD pour les pays impérialistes (voir l’intervention envoyée par le TKP(m) à la Conférence Internationale de Palerme des 3 et 4 janvier 2003).

Le Parti communiste révolutionnaire (USA) et le Comité du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (MRI) nient en substance (comme d’autres partis et organisations communistes qui ont participé à la Conférence Internationale sur la GRP de LD en 1998) que la GRP de LD soit une stratégie valide également pour les pays impérialistes, aussi et justement parce qu’ils présentent les lois spécifiques des pays semi-féodaux et semi-coloniaux comme lois universelles de la GRP de LD (voir à ce propos l’article On the struggle to Unite the Genuine Communists Forces in A World to Win n°30/janvier 2004). Le Mouvement populaire du Pérou (MPP) -Sol Rojo au contraire a fait, surtout récemment, dans la lutte conduisant à l’adoption de la GRP de LD comme stratégie universelle, un sérieux effort pour distinguer les lois universelles des lois particulières (voir l’intervention présentée par le MPP à la Conférence Internationale de Paris des 27 et 28 mars 2004).

Comment faire pour distinguer les lois universelles de la GRP de LD ?

Le marxisme-léninisme-maoïsme est une science, pas une doctrine ésotérique ni une devinette ou quelque chose du même genre. Il s’agit donc d’examiner l’expérience des révolutions prolétariennes et de l’élaborer pour découvrir les lois que leur déroulement a suivi. Plus précisément : le développement d’un phénomène se produit selon ses propres lois même si les hommes les ignorent. La loi de la gravitation universelle (l’attraction que chaque masse exerce sur chaque autre) était suivie par toutes les masses même lorsque les hommes ne l’avaient pas encore découverte. Lorsque les constructeurs ne plaçaient pas le centre de gravité d’un édifice selon des critères qui furent compris seulement plus tard, l’édifice s’écroulait. Après que Newton (1642-1727) l’ait découverte et qu’elle ait été assimilée par les scientifiques, par les savants et peu à peu par « tous », il fut possible de voir qu’effectivement des phénomènes qui jusqu’alors étaient inexplicables, ou avaient semblé hasardeux ou étranges, étaient en réalité devenus compréhensibles à la lumière de la nouvelle loi. Il fut aussi possible de mener de façon plus facile et régulière des opérations qui auparavant réussissaient parfois ou parfois pas, étaient difficiles et dont l’issue était incertaine. Il fut possible de faire des choses que l’on n’était jamais parvenu à faire auparavant. De la même façon, s’il est vrai que la GRP de LD est la forme universelle de la révolution prolétarienne, cela veut dire que chaque révolution prolétarienne qui est arrivée jusqu’ici s’est déroulée selon lois universelles de la GRP de LD, même si ses protagonistes ne les connaissaient pas encore. Si le mouvement révolutionnaire s’est soldé par un succès, cela est arrivé parce que ses protagonistes ont respecté ces lois universelles, bien qu’à l’aveugle, instinctivement, sans le savoir, par des tentatives. Si des révolutions ont ratés, cela est arrivé parce que leurs protagonistes, malgré leur bonne volonté, leur élan d’héroïsme, se sont obstinés à travailler en opposition avec ces lois qu’ils ne connaissaient pas.

Le déroulement concret des révolutions prolétariennes ne peut pas, en somme, être en contradiction avec les lois de la GRP de LD, parce qu’autrement elles ne seraient pas universelles. D’autre part la compréhension de ces lois universelles pose dans nos mains de communistes une arme formidable pour poursuivre notre rôle et conduire vers le succès la révolution. Il vaut donc la peine de chercher à isoler ces lois.

Dans notre pays également la question est d’actualité. C’est une question que quiconque désire travailler en connaissance de cause à faire de l’Italie un nouveau pays socialiste doit affronter par la force des choses. Les articles parus dans La Voce n°14 (Lutte politique révolutionnaire et lutte revendicative, pp.49 et suiv. par Nicola P.), n°15 (Politique révolutionnaire pp.60 et suiv. par Ernesto V.) et n°16 (Sur le second front de la politique révolutionnaire pp.36 et suiv. par Rosa L.) abordent de nombreux problèmes à propos de la GRP de LD. Ceux-ci et ceux cités précédemment constituent la contribution de la CP à la lutte idéologique en cours dans le mouvement communiste italien et international (même si les textes n’ont pas encore été traduits et diffusés à l’extérieur, sauf celui de La Voce n°12).

Dans notre pays d’autres organismes se sont déjà exprimés à propos de la GRP de LD. Il va de soi que de façon générale les révisionnistes-opportunistes de droite n’abordent pas la discussion sur la forme de la révolution socialiste. Ce n’est pas dans leur intérêt ni ne rentre dans leur mentalité. Ceux aussi qui sont personnellement honnêtes, sont empiristes, procèdent à vue, par force d’habitude, sur les voies tracées par la société bourgeoise. Ils n’élaborent pas une science de la révolution. S’ils se dédiaient à la science de la révolution, ils ne seraient pas opportunistes. Ils se contentent, à la façon des empiristes, d’amener tel ou tel fait ou événement en soutien de leurs thèses opportunistes. Cela vaut pour les italiens comme pour ceux d’autres pays.

Les représentants des dogmatiques de l’insurrection en Italie sont les rédacteurs de Teoria & Prassi. Dans le n°10 (janvier 2004) de leur revue, ceux-ci ont publié une argumentation critique de la thèse selon laquelle la GRP de LD est la stratégie universelle pour la révolution socialiste. Mais tous leurs arguments valides se réduisent à la thèse qu’il n’est pas possible de suivre dans les pays impérialistes les lois particulières spécifiques de la Chine (rôle principal des paysans, encerclement de la ville à partir des campagnes, création de zones libérées déjà dans la phase de la défense stratégique, etc.). Quant aux arguments non valides, ils sont nombreux. L’un est celui selon lequel « la lutte armée est la forme fondamentale de lutte dans la GPP » (p.42, colonne 2). Évidemment cela n’est pas vrai. Les mêmes affirment (p.35, col.2) qu’ « un programme clair et compréhensible est donc pour Mao l’aspect fondamental de la GPP ». Et ils affirment enfin (p.36 col.2) que selon Mao seul « dans la Chine semi-féodale et semi-coloniale - et pour reproduire fidèlement la pensée de Mao et la réalité j’ajoute encore : dominée par des puissances impérialistes en lutte entre elles (nda) - dès le début la lutte armée est la principale forme de lutte et l’armée la principale forme d’organisation des masses ». Un autre argument faux est que la stratégie de la GRP de LD comporte la thèse énoncée par Lin Piao (Vive la victoire de la guerre populaire ! 3 septembre 1965) selon laquelle ce sera la victoire des révolutions de nouvelle démocratie dans les pays opprimés qui déterminera les révolutions socialistes des pays impérialistes. Un autre encore est celui que l’adoption de la stratégie de la GRP de LD est liée à la thèse que « la contradiction principale de notre époque est celle qui oppose l’impérialisme aux peuples et aux nations opprimées plutôt que celle entre le prolétariat et la bourgeoisie ».

Mis à part leurs arguments valables ou non valables, ce que les dogmatiques de l’insurrection ne disent pas est : quelles leçons devons-nous tirer des victoires et des défaites des révolutions dans les pays concernés par la première vague de la révolution prolétarienne ? En particulier, quel est le motif pour lequel les partis de la première Internationale Communiste ne sont pas parvenus à instaurer le socialisme dans le moindre pays impérialiste (sauf dans le maillon faible de la chaîne impérialiste, la Russie, où la ligne suivie par le parti pour accumuler les forces révolutionnaires fut différente de celle qu’ils proposent) ? Pourquoi retiennent-ils qu’une ligne qui n’a jamais porté à la victoire par le passé pourrait amener à la victoire dans le futur ?

A l’inverse, partisan de la GRP de LD se déclare en Italie, mis à part nous, le groupe de Rossoperaio (Proletari Comunisti). Seule la lutte idéologique en cours dira toutefois si Rossoperaio est dirigé par des dogmatiques qui ne distinguent pas entre universel et particulier ou par des personnages qui proclament démagogiquement à vide la conception dogmatique de la GRP de LD pour se donner de l’importance et se présenter comme de grands révolutionnaires sur la scène internationale, dans les congrès et associations internationales, dans les messages et les communiqués, alors que dans la pratique ils suivent une ligne économiste et anarcho-syndicaliste selon laquelle « seule la lutte syndicale est une lutte concrète ». L’aire de mystère et d’ambiguïté dans laquelle évoluent leurs positions, le fait qu’ils écrivent une chose dans la revue destinée au public italien et une autre dans celle destinée aux partis et aux organisations du Mouvement Révolutionnaire Internationaliste (duquel RO fait partie depuis se fondation en 1984), les positions contradictoires qu’ils ont adoptées au cours du temps (par exemple sur l’appréciation de la lutte armée en Europe exprimée par Gonzalo dans son interview en 1988, sur la Lutte Armée en Italie dans les années ‘70s) sans expliquer par l’autocritique le changement de position, la juxtaposition des déclarations de la stratégie de la GRP de LD à une pratique économiste, la proclamation il y a à peine deux ans de la théorie de la « substitution pour un temps déterminé » de la classe ouvrière de la part de forces d’autres classes comme protagonistes de la révolution et de la « stabilité des régimes politiques des pays impérialistes » en contraste avec la thèse de la « situation révolutionnaire en développement », le refus systématique d’exposer leur conception du monde ou leur ligne générale et leurs thèses programmatiques et de les défendre en une lutte idéologique avec les autres FSRS, le caractère démagogique des polémiques qu’ils pilotent, le fait qu’ils n’ont jamais développé ni une propagande des lois universelles de la GRP de LD et encore moins une théorie spécifique à notre pays (l’équivalent de la « pensée Gonzalo » et de la « voie de Prachanda ») qui supporterait leurs déclarations sur la GRP de LD, l’utilisation des relations internationales pour s’accréditer en Italie comme « parti révolutionnaire » et d’inventions sur le rôle que RO aurait en Italie pour s’accréditer comme parti révolutionnaire au niveau international :(2) ces neuf éléments et d’autres dénotent un comportement opportuniste et démagogique. Evidemment ni les déclarations, les cris d’indignation, la grimace de l’offensé, ni les investitures exercées par l’extérieur ne diront quel sera le rôle effectif de Rossoperaio dans la renaissance du mouvement communiste de notre pays, mais bien le seul développement concret de la lutte idéologique et de la pratique révolutionnaire.

La thèse selon laquelle la stratégie de la GRP de LD est la stratégie universelle de la révolution prolétarienne (pour les pays impérialistes comme pour les pays opprimés) est confirmée par l’expérience de la première vague de la révolution prolétarienne, que ce soit lorsqu’elle a été consciemment assumée comme stratégie ou bien là où elle n’a pas été consciemment assumée comme stratégie ; que ce soit dans les révolutions victorieuses ou bien dans les révolutions battues. Qui relit l’histoire de la première vague de la révolution prolétarienne à la lumière de la conception de la GRP de LD peut le constater.

L’histoire de la lutte des partis de la première IC dans les pays impérialistes montre avec une singulière uniformité, de leur fondation jusqu’à la fin des années ’40, lorsqu’ils agissaient dans le contexte de la première crise générale du capitalisme et de la situation révolutionnaire en développement qui lui était connexe, le même déroulement. 1. Malgré l’incertitude de l’orientation stratégique, ces partis ont en général conduit dans la pratique la première phase de la GRP de LD, celle de l’accumulation des forces révolutionnaires, avec des résultats tellement probants que dans presque chaque pays la bourgeoisie a entamé ou a menacé d’entamer la guerre civile. 2. Ces partis ont en général reculé face à la menace de guerre civile, parce qu’ils n’étaient idéologiquement et politiquement pas préparés à recueillir le défi de la bourgeoisie. Ce défi aurait par sa nature mobilisé contre la bourgeoisie de larges masses populaires sur le terrain de la guerre civile : cela aurait ainsi produit le saut qualitatif que l’accumulation des forces révolutionnaires doit apporter et que ceux qui refusent la stratégie de la GRP de LD attribuent soit à l’explosion du mécontentement des masses (les attentistes), soit à l’efficacité de l’exemple et des manifestations (les militaristes), soit à des coups de force (Neuberg & Cie). 3. Là où tôt ou tard, pour un motif ou un autre, ces partis se sont lancés sur le terrain de la guerre civile que la situation comportait (Espagne, France, Belgique, Italie), ceux-ci ont mobilisé de larges masses populaires sous leur direction malgré leur orientation stratégique incertaine. Ils ont réalisé, autant que faire se pouvait par un parti qui agit sans connaissance de cause, les conditions de l’équilibre stratégique (seconde phase de la GRP de LD). 4. Ces partis, justement à cause de leur orientation stratégique erronée, n’ont toutefois conduit en aucun cas la guerre civile avec la conception de la GRP de LD (comme moyen voué principalement à mobiliser les masses à s’affranchir et à les unir sous la direction du parti communiste) et ainsi ils ne sont jamais parvenus à la troisième phase, celle de l’offensive stratégique. 5. Chaque fois que les partis se sont opposés au cours des choses, c’est-à-dire qu’ils ont essayé de leur imprimer un mouvement en contradiction avec les lois de la GRP de LD, même le travail déjà effectué s’en est allé en fumée.

A travers cette expérience, on peut ainsi voir que la pratique poussait vers la GRP de LD. La même leçon nous vient de l’expérience soviétique : la phase d’accumulation des forces révolutionnaires (conduite par un parti clandestin, donc dans les conditions d’un système de pouvoir indépendant et en opposition avec le système tsariste) est passé en 1917 dans la seconde phase (celle de l’équilibre stratégique, du « double pouvoir ») qui à son tour a donné lieu à la phase de l’offensive stratégique. Lénine n’a pas élaboré la stratégie de la GRP de LD, mais sa lutte constante pour une conception dialectique de la réalité (celle que les bourgeois appellent capacité politique et pragmatisme, expressions qui ne se concilient absolument pas avec les accusations de fanatisme et de dogmatisme desquelles ils le gratifient pourtant) fut une lutte parce que le parti adhère dans sa direction des masses aux lois que la réalité de la révolution suivait en son chemin.

Une confirmation particulièrement significative de notre thèse a été donnée par le Parti communiste espagnol (reconstitué) (PCE(r)) dans son opuscule Aproximacion a la historia del PCE (septembre 1997), traduit en italien par les éditions Rapports Sociaux sous le titre La guerre d’Espagne, le PCE et l’Internationale Communiste. Bien que le PCEr se déclare anti-maoïste (mais staliniste !), les auteurs arrivent dans cet opuscule à la conclusion que la défaite de la Guerre d’Espagne (1936-1939) fut due en substance au fait que le PCE dirigea la guerre sans adopter la stratégie de la GRP de LD. L’expérience pratique des grands pays durant la première vague de la révolution prolétarienne montre ainsi que la stratégie de la GRP de LD est la stratégie de la révolution socialiste dans les pays impérialistes également.

Si nous considérons le cours de la révolution prolétarienne au niveau mondial, la confirmation est particulièrement claire. L’accumulation des forces révolutionnaires fut le mérite historique de la Seconde Internationale, comme l’ont soutenu Lénine et Staline de façon répétée en faisant le bilan du mouvement communiste. En 1917 nous entrons avec la Révolution d’Octobre dans la phase de l’équilibre stratégique : dès ce moment la révolution prolétarienne eut ses propres zones libérées ou bases rouges (l’URSS et les pays socialistes) et ses forces armées firent face aux forces de la contre-révolution. Le passage manqué à la phase de l’offensive stratégique a fait reculer la révolution prolétarienne sur ses positions déjà conquises, comme une grossesse arrivée à maturation lorsque pour un quelconque motif l’accouchement ne succède pas.

Quelles sont alors les lois universelles de la GRP de LD que l’expérience de la première vague de la GRP de LD met en lumière ? Elles me paraissent être les suivantes, ou au moins les principales sont les suivantes.
 1. Ce sont les masses populaires mobilisées par la classe ouvrière guidée par son parti communiste qui construisent le système du nouveau pouvoir (en d’autres mots qui, pour les pays impérialistes, instaurent le socialisme et la dictature du prolétariat) et éliminent l’actuel.
 2. L’instauration du nouveau pouvoir dans tout le pays ne se produit pas d’un seul coup, mais il est le résultat et la conclusion victorieuse d’une guerre civile.
 3. Dans chaque pays la GRP de LD traverse trois phases : défensive stratégique (accumulation des forces révolutionnaires), équilibre stratégique (deux forces armées qui se disputent le terrain), offensive stratégique (anéantissement des forces bourgeoises).
 4. La GRP de LD se développe grâce à la situation révolutionnaire en développement (dans notre cas elle sera le renversement de la guerre d’extermination non déclarée que la bourgeoisie impérialiste mène à cause de la seconde crise générale du capitalisme).
 5. La GRP de LD se développe selon une combinaison de lois universelles et de lois particulières qu’il est nécessaire de combiner entre elles jusqu’à la victoire.
 6. Des facteurs internationaux et des facteurs nationaux conditionnent le développement de la GRP de LD dans chaque pays pris à part.
 7. La GRP de LD se développe d’une phase à la suivante, mais à la suite de défaites elle peut aussi reculer vers la phase précédente.

En conclusion, pour conduire victorieusement la GRP de LD, le parti doit étudier les œuvres de Mao, le découvreur de la conception de la GRP de LD, et l’expérience des différent pays pour en tirer les lois universelles de la GRP de LD et les appliquer à notre pays à travers l’enquête sur les conditions concrètes économiques, politiques et culturelles et à travers la pratique, le bilan de l’expérience et l’élaboration des lois spécifiques dans notre pays.

Pour ce qui est de notre pays, il faut en fait connaître et prendre en compte les conditions spécifiques dans lesquelles la GRP de LD se déroule. La conception de la GRP de LD spécifique par son application à notre pays, suivra la voie de l’accumulation des forces révolutionnaires à travers la constitution et la résistance du parti clandestin et sa direction sur les masses populaires qui s’agrégent en organisations de masse de tout type nécessaires à satisfaire ses propres besoins matériels et spirituels, qui participent à la lutte politique bourgeoise pour en subvertir le déroulement, qui conduisent les luttes revendicatives, jusqu’au début de la guerre civile. C’est ce qui pour notre pays correspond à l’ « encerclement des villes par les campagnes » dans les pays semi-féodaux. Il est impossible dans les pays impérialistes d’encercler les villes par les campagnes, mais il est très possible, et la pratique l’a montré, de définir le développement spécifique quantitatif qui constitue la première phase de la GRP de LD et à travers lequel on va vers la seconde phase. Avec la guerre civile générée par ce développement quantitatif, commencera la seconde phase de la GRP de LD. Le début de la guerre civile sera défini par la constitution des Forces Armées Populaires qui à partir de ce moment disputeront le terrain aux forces armées de la réaction.

En particulier, la GRP de LD ne commence donc pas avec la lutte armée, mais par la construction du parti communiste clandestin. C’est ce qui arrive aujourd’hui à travers la réalisation du plan en deux points proposé par la CP et en voie de réalisation. Cela n’arrive donc pas à travers la propagande armée, comme les Brigades Rouges se proposaient de la faire dans les conditions spécifiques des années ’70, lorsque la dérive révisionniste n’avait pas encore été démasquée en pratique par le cours des événements, lorsque le prestige et la force du vieux mouvement communiste étaient encore hauts et qu’existait encore le camp socialiste construit durant la première vague de la révolution prolétarienne. La construction du parti doit être conçue et guidée comme premier pas de la GRP de LD. Le nouveau pouvoir dans notre pays commence avec l’existence du parti clandestin. Son existence est l’existence du pouvoir rouge, alternatif au pouvoir bourgeois. Le parti clandestin n’est pas le parti le plus à gauche de l’ensemble des partis de la république bourgeoise-vaticane. Il est le noyau du nouveau pouvoir. Le parti clandestin ne dépend pas du pouvoir bourgeois, mais existe en opposition à celui-ci. Malgré tous les efforts que la bourgeoisie accomplit pour lui faire obstacle, pour l’isoler des masses, pour le détruire, le parti est capable d’exister et de poursuivre son activité (de recrutement, élaboration, formation, orientation, agrégation, propagande, mobilisation et de direction) par son réseau organisationnel et son système de relations, de contacts et d’influences. Il ne dépend donc pas, pour poursuivre son activité, de personnes que la bourgeoisie connaît, contrôle et peut donc infiltrer, corrompre, menacer, récupérer, arrêter, tuer ; ni de voies de financement que la bourgeoisie connaît, contrôle et peut donc interrompre; ni de sièges publics que la bourgeoisie peut occuper, perquisitionner, saccager, dévaster, fermer. En somme c’est un parti qui existe et œuvre comme le parti de Lénine dans l’empire tsariste jusqu’en 1917, (3) comme les partis de la première Internationale Communiste des pays impérialistes parmi lesquels l’Italie (1926-1945), l’Allemagne (1933-1945), l’Espagne (1939-1956), La France (1940-1945), une grande partie des pays de l’Europe de l’Est dans les années ’20, ’30 et ’40. Ceux qui disent qu’un parti clandestin est par sa propre nature coupé des masses populaires, qu’ils nous montrent que les partis que je viens d’énumérer étaient coupés des masses dans les périodes indiquées !

Est-il encore possible aujourd’hui de créer un tel parti ? Est-il possible qu’un tel parti naisse et œuvre ? Ces questions traduites en termes concrets signifient : un parti communiste clandestin trouvera-t-il, parmi les masses populaires et en particulier parmi la classe ouvrière, l’aliment (en personnes à recruter, en collaborations, en financement, en liens, en influence) duquel il a besoin pour exister, résister aux coups de la bourgeoisie et de ses appareils de contre-révolution et étendre son activité ? Les expériences historiques citées plus haut répondent positivement à ces questions. Mais, surtout, cela est assuré justement par l’existence d’une situation révolutionnaire en développement, d’une guerre non déclarée d’extermination que la bourgeoisie conduit contre les masses populaires dans notre pays également. La lutte entre le parti et le système de la contre-révolution (qui n’est pas seulement constitué des organes, d’État ou non, de la répression, mais de l’ensemble des initiatives et des mesures avec lesquelles la bourgeoisie cherche à faire obstacle, à isoler des masses, et détruire le parti et son système de relations, de contacts et d’influences) est le noyau politique de la guerre d’extermination non déclarée. Cette lutte est une petite partie de cette guerre. Mais justement dans cette lutte le nouveau pouvoir s’oppose et fait front avec son initiative à la bourgeoisie. Son développement quantitatif (c’est-à-dire la croissance du parti et la croissance de l’agrégation sous sa direction des organisations multiformes des masses populaires) déterminera, arrivé à un certain point, le passage à la seconde phase de la GRP de LD, à la guerre civile, à la lutte armée.

Nous communistes n’aimons pas la guerre. La guerre est un monstre terrible, qui apporte destruction et sang. Nous sommes opposés à la guerre et nous sommes sûrs que, contrairement à un lointain passé, aujourd’hui les hommes n’ont plus besoin de guerres pour vivre et se développer; tout comme ils n’ont plus besoin de division en classes sociales. Actuellement les guerres sont uniquement générées par les intérêts de la bourgeoisie et par son ordre social injuste et pas viable. Nous sommes sûrs enfin que dans un avenir proche les hommes mettront aussi la guerre dans les musées d’antiquités. Mais nous n’avons pas peur des guerres. Nous sommes décidés à empêcher que les masses populaires subissent passivement les injustices, les vexations, les mutilations, les hécatombes et les guerres que l’ordre social actuel impose. C’est seulement en changeant l’ordre de la société que nous pourrons vraiment en finir avec la guerre. La bourgeoisie nous a donné des leçons répétées et sanglantes qu’elle ne quittera pas le pouvoir sans guerre civile. Nous communistes devons donc être dès maintenant décidés à ne pas céder à la bourgeoisie parce qu’elle menace de guerre civile. Donc nous devons dès maintenant nous préoccuper d’arriver à la guerre civile dans les conditions les plus favorables pour nous. Notre responsabilité envers les masses populaires nous impose de construire le système du nouveau pouvoir en vue d’affronter victorieusement la guerre civile. Elle commencera inévitablement, l’expérience nous l’a aussi enseigné de façon répétée, lorsque l’accumulation des forces révolutionnaires et l’instauration du nouveau pouvoir auront rejoint un certain niveau. Nous ne pouvons pas l’éviter. Ce que nous pouvons et devons faire est d’y arriver dans les conditions les plus favorables à la victoire des masses populaires. Avec le début de la guerre civile, la seconde phase de la GRP de LD commencera, lors de laquelle les forces armées populaires disputeront le terrain aux forces armées de la bourgeoisie impérialiste, lors de laquelle existeront des territoires libérés, etc.

L’expérience a déjà montré quelle doit être l’action d’agrégation et de mobilisation des masses populaires opérée par le parti lors de la première phase de la GRP de LD dans notre pays. Bien sûr le parti doit être prêt et capable de changer de tactique, s’il devait se produire des changements radicaux et des bouleversements soudains de la situation qui changeraient l’état et l’orientation des masses populaires. Mis à part cela, l’action du parti durant cette phase se déroule de façon générale sur trois terrains :

1. La mobilisation des masses populaires à participer à la lutte politique bourgeoise. L’hostilité de principe déclarée par les dogmatiques de l’insurrection (Teoria & Prassi) et par Rossoperaio à l’utilisation révolutionnaire des élections, du Parlement, des assemblées élues et des autres instruments de la politique bourgeoise fait abstraction d’un aspect spécifique de quasi tous les pays impérialistes, y compris le nôtre. La participation (évidemment d’une certaine façon et dans un certain contexte) des masses populaires à la lutte politique bourgeoise a justement été au cours de la première vague de la révolution prolétarienne plusieurs fois et en plusieurs pays impérialistes (en Italie, Allemagne, France, Espagne, Angleterre, pour nommer seulement les plus grands) la cause directe et immédiate du début ou de la menace de la guerre civile. La participation des masses populaires dirigées par le parti communiste divisera la bourgeoisie et rendra impossible la vie politique bourgeoise. L’augmentation des abstentions qui se vérifie ces dernières années est loin d’annuler cet aspect. Cela dénote la désillusion populaire face aux partis bourgeois, c’est un aspect de la crise politique du régime bourgeois. Mais cela ne pose pas les prémices d’une solution révolutionnaire à la crise politique du régime. C’est un phénomène précaire, sur lequel peut agir soit la mobilisation révolutionnaire des masses populaires, soit la mobilisation réactionnaire des masses populaires. Le refus, de la part des dogmatiques de l’insurrection et de Rossoperaio, de diriger les masses populaires à participer dans l’intérêt de la révolution socialiste à la lutte politique bourgeoise ne naît pas de l’existence d’une mobilisation des masses populaires dans la guerre révolutionnaire qui serait déjà passée outre le système de l’activité politique bourgeoise et qui serait endommagée par la participation à l’activité politique bourgeoise. Dans de telles conditions les élections seraient une recours contre-révolutionnaire et leur boycott une chose sérieuse. Aujourd’hui le refus des dogmatiques de l’insurrection et de Rossoperaio naît du manque de confiance en ce que le parti communiste peut aujourd’hui être capable de faire valoir également sur ce terrain sa direction sur les masses populaires et de diriger cette participation de façon à ce qu’elle soit un facteur d’accumulation des forces révolutionnaires et non un moyen pour la corruption et la désagrégation des forces révolutionnaires. C’est le même manque de confiance qui empêche de concevoir une ligne qui aurait comme objectif la conquête de la direction des grands syndicats auxquels des millions de travailleurs s’inscrivent de leur propre chef et auxquels ils paient une cotisation. (4)

Tous les arguments avancés par les opposants à la participation à la lutte politique bourgeoise se réduisent à la thèse qu’ « il n’existe aucune garantie » qu’une telle participation ne corrompe pas le parti et les forces qu’il mobilise. Mais ces messieurs oublient qu’il n’existe aucune garantie contre l’influence de la bourgeoisie dans nos rangs, en-dehors de la conception et de la ligne révolutionnaires du parti et de la lutte inflexible et adéquate pour les défendre contre l’influence de la bourgeoisie. Faire croire à une autre garantie veut dire illusionner et désarmer le parti. La refus de participer à la lutte politique bourgeoise est seulement une pseudo-garantie - comme l’est chaque garantie déclarée en-dehors de celle que nous venons de désigner. L’amère expérience des années ’70 et ’80, si ce n’est celle de la Résistance, ont montré que prendre les armes n’est pas non plus une garantie. Nous avons vu des combattants devenir collaborateurs de la police : de Pecchioli à Franceschini. Chaque pseudo-garantie génère un faux sentiment de sécurité et le manque de vigilance qui favorisent l’agression. Toutes les objections avancées contre la participation à la lutte politique bourgeoise sont, pas par hasard, celles qui peuvent également être avancées, en particulier dans les pays impérialistes, contre la participation à l’activité syndicale, à l’activité culturelle, etc. Cela également fait mieux ressortir qu’il s’agit d’objections de camarades qui n’ont pas confiance en la capacité révolutionnaire des masses populaires, de la classe ouvrière, du parti. Ce sont des objections de camarades qui ont foi seulement en leurs groupuscules d’illuminés, à la façon des bordighistes de sinistre mémoire.

2. La mobilisation des masses populaires dans les luttes revendicatives et dans la défense sans réserve des conquêtes.

3. La mobilisation des masses populaires pour construire les instruments nécessaires à la satisfaction de leurs propres besoins matériels et spirituels. Ce troisième terrain n’apparaît pas dans les articles des camarades Ernesto V. et Rosa L. (respectivement publiés dans La Voce 15 et 16). Il me paraît cependant qu’on doit bien le prendre en compte, au vu de la riche expérience d’auto-organisation (de coopératives, de centres sociaux, de maisons du peuple, d’associations sportives et culturelles, etc.) que les masses populaires ont développé dans notre pays.

Pour les deux autres terrains, leurs articles et ceux de Nicola P. dans La Voce n°14 disent tout ce qui peut aujourd’hui être dit à ce propos, au sujet du développement de la GRP de LD.

La résistance du parti clandestin à la répression et le développement de son action sur les trois terrains indiqués ci-dessus : voilà ce que veut dire spécifiquement à notre pays, dans la première phase de la GRP de LD, « instaurer le pouvoir rouge » et c’est l’équivalent de la « création de bases rouges » dans d’autres pays. Il n’est pas possible dans un pays impérialiste d’instaurer dès le début des « bases rouges », mais l’expérience a déjà montré qu’il est possible de construire le système du « pouvoir rouge » que j’ai indiqué. Il s’agit de quatre fronts de lutte qui ont leur axe central et irremplaçable dans le premier d’eux.

Ils ne manquent et ne manqueront certainement pas de camarades et d’adversaire qui nous accuseront d’« attentisme » : renoncer aujourd’hui et dans l’immédiat à un travail révolutionnaire en attente de conditions que les événements créeront demain « d’une façon ou d’une autre » ; tenir loin de la lutte les forces révolutionnaires qui sont déjà prêtes à la lutte, en attente de conditions qui ne se trouvent pas aujourd’hui. En réalité dans la ligne que l’expérience de la première vague de la révolution prolétarienne a mise en lumière il n’y a aucun attentisme. C’est au contraire la définition d’un processus de croissance quantitative en lequel sont impliquées toutes les forces révolutionnaires dès qu’elles se forment. Elles sont impliquées en un travail qui les forme et les trempe à être des agents de la mobilisation révolutionnaire des masses populaires. Un processus de croissance quantitative qui, arrivé à un certain niveau, détermine par lui-même le passage à la phase suivante, le saut de qualité : faute du recul et de la désagrégation si le parti s’y oppose. Comme une grossesse arrivée au moment de l’accouchement et qui serait interdite. Cela est tout le contraire de rester immobile à attendre les événements, de tenir inactives des forces disposées à lutter, d’attendre que les autres retirent les marrons du feu ou d’espérer une aide de Dieu.

Voilà la voie que nous enseignent la réflexion sur la situation actuelle et l’expérience du mouvement communiste, duquel nous refusons de nous détacher sans raison valable. Voilà la voie que nous suivons déjà aujourd’hui.

Umberto C.

Notes

1. Il faut de toutes façons se rappeler que, dans l’édition chinoise des œuvres choisies de Mao Tse-toung, il est noté que toutes les caractéristiques de la GRP de LD indiquées par Mao ne valent pas pour la GRP de LD en d’autres pays, et le Vietnam est cité en particulier. Voir aussi ce que Mao Tse-tung disait dans le rencontre du 25 septembre 1956 aux délègues de partis communistes de l’Amérique Latine (Œuvres de Mao Tse-tung, édition Rapporti Sociali, vol.13 p.203 et suiv.)

2. Le comportement des dirigeants de Rossoperaio ramène à l’esprit celui de Proudhon. Celui-ci, selon Marx, était toléré en France car on retenait que les allemands en Allemagne l’appréciaient comme un grand philosophe allemand ; en Allemagne il était toléré car on retenait qu’en France il était apprécié comme un grand économiste. A propos de Rossoperaio, voir aussi Rossoperaio - un mauvais début dans La Voce n°7 - mars 2001 et le supplément à La Voce n°7 qui est réédité dans ce numéro de la revue.

3. Dans les années entre 1907 et 1917 Lénine s’opposa avec détermination à toutes les tentatives des Mencheviks de poser la légalisation du parti comme revendication politique et la construction d’un parti légal comme un objectif. Un parti qui aurait accepté d’exister comme parti légal, en conformité avec les lois de l’état tsariste, n’aurait plus été le centre du nouveau pouvoir.

4. Il est significatif de la nature de Rossoperaio le fait que celui-ci fait une grande propagande de l’activité du PCN(m) et se déclare contre la participation aux élections dans notre pays. Mais il n’a jamais senti la nécessité d’examiner publiquement le fait que le Parti communiste du Népal (maoïste) a eu recours, comme le fit en son temps le parti de Lénine aussi, soit à la participation aux élections (en 1991) soit au boycott des élections (en 1994), avant de lancer au début 1996 la guerre civile (voir The worker, organe du Parti communiste du Népal (maoïste) n°9, février 2004, pp. 65 et 66).


manchettes


Le parti clandestin est le parti communiste libre du contrôle de la bourgeoisie, est la base organisationnelle de l’autonomie politique et idéologique de la classe ouvrière vis-à-vis de la bourgeoisie.

 

Le nouveau parti communiste est clandestin, mais n’est pas secret pour les masses populaires. C’est la bourgeoisie qui fait obstacle de toutes les façons à la diffusion des objectifs et du programme du parti, qui cherche à créer dans les masses de la population la confusion et la terreur. Le parti cherche à faire connaître par tous les moyens son existence, son programme, ses objectifs stratégiques et tactiques, généraux et particuliers, ses directives et ses mots d’ordre. Le parti demande à chaque travailleur, à chaque retraité, à chaque jeune, à chaque femme au foyer de collaborer en faisant connaître la conception et les objectifs du parti. Le parti cherche à orienter avec ses mots d’ordre les masses pour qu’elles fassent front à la situation, et à les diriger vers la conquête du pouvoir, faisant de chaque lutte particulière une école du communisme. Le parti cherche à se rapprocher de chaque travailleur honnête, de chaque retraité, de chaque jeune, de chaque femme au foyer. Le parti maintient inversement sa composition, ses sièges, ses moyens et les recours dont il dispose pour conduire son activité révolutionnaire, les procédures selon lesquelles fonctionnent ses organisations, cachés à la bourgeoisie impérialiste et à ses valets.

 


 

 


La révolution socialiste en Europe sera par la force des choses l’explosion de la lutte de masse de tous les opprimés et tous les mécontents. Y participeront aussi inévitablement des éléments de la petite bourgeoisie et des travailleurs arriérés. Sans une telle participation une lutte de masse est impossible, et la révolution est impossible. Il est inévitable que ceux-ci apportent dans le mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais objectivement ils lutteront contre le capital. L’avant-garde consciente de la révolution, les ouvriers avancés, forts de cette vérité objective d’une lutte de masse variée et disparate, bigarrée et extérieurement fractionnée, réussiront à l’unifier et à la diriger vers la conquête du pouvoir, à s’emparer des banques, à exproprier les capitalistes haïs de tous (bien que pour des raisons diverses !) et à imposer d’autres mesures dictatoriales qui conduiront en fin de compte à abattre la bourgeoisie et à la victoire du socialisme, lequel s’« épurera » des débris petits-bourgeois seulement avec le temps nécessaire.

 

(Lénine, Résultats de la discussion sur l’autodétermination nationale, juillet 1916)

Le CD audio du troisième cours de l’Université Populaire pour la formation des communistes tenu par le (n)PCI à travers sa Délégation a été réalisé! Les rapports tenus dans le cours (en langue italienne) illustrent de manière articulée la conception, la ligne, la stratégie, les objectifs et les analyses du (n)PCI. Prix : 10 €.
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